Coupe playmobil et épinards
–
Quand j’étais petite, régulièrement, ma mère préparait des épinards pour le dîner. Je détestais ça. Avec du recul, je me dis que ce devait être des épinards surgelés de la marque Beurk. Sans doute un copain de Captain Iglo ? Si tu n’es pas belge, voici l’objet du crime. Et pour te prouver que j’ai beaucoup morflé enfant, il faut que tu saches que j’avais la même coupe de cheveux que la gamine condamnée à manger les bâtonnets dans la pub.
–
Alors je vous vois venir ; oui, les épinards peuvent être bons. Mais là, franchement, ils ne l’étaient pas.
–
–
Philéas a pris ces photos, pas maquillée et les cheveux en bataille, quand on traversait Londres à vélo la semaine dernière. Faire du vélo, je crois que c’est le truc que j’aime le plus dans les grandes villes. Alors tant pis; je ne serai jamais une blogueuse mode accomplie. Je préfère vous montrer des photos imparfaites, mais qui respirent le bonheur, le vrai.
–
Seule face à mon assiette
–
Donc j’étais seule, face à mon assiette d’épinards beurk. Et je savais précisément ce qui allait se passer : tant que je ne les mangeais pas, je resterais là. L’idée de passer une soirée en tête-à-tête avec eux me semblait encore pire que de les avaler le plus vite possible. J’en prenais une pleine fourchette, gobais et buvais de l’eau pour faire passer. Le plus vite possible, jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus. En espérant qu’il y ait de la danette pour faire passer le goût.
–
Tu te doutes de ce qui arrivait ensuite ? Généralement, on me disait : « oh mais tu aimes tellement ça, je vais t’en resservir. » Là, tu pouvais clairement lire le désespoir dans mes yeux.
–
–
La vie est courte, mange le dessert d’abord
–
Life is short. Eat dessert first. Quand je tombe sur cette citation, je repense invariablement à cette petite Daphné. Après tout, elle gérait comme elle pouvait – même si je ne suis pas sûre que le message diététique maternel soit bien passé. Aujourd’hui je suis réconciliée avec les épinards – enfin, quand ils ne sont pas cuisinés par Mr Beurk. Mais j’ai gardé cette expression : « mange tes épinards d’abord ». Mon expression secrète, qui ne veut rien dire aux autres mais que je ressors souvent.
–
Pendant ces deux semaines de vacances, entre virée à Londres et échange de maison à Paris, je pensais arriver à garder le rythme du blog. Tout en faisant mon équipée sauvage à vélo, donc. Bien sûr, j’avais oublié que les journées n’ont que 24 h. Finalement, quelques coucous sur instagram, c’était déjà bien, non ?
–
En rentrant ce week-end, j’étais hyper impatiente de vous retrouver. Puis j’ai réalisé que j’avais de la compta’ à faire. Alors j’ai d’abord avalé vite fait mes épinards. Mais maintenant, place au dessert : cet article pour le blog !
–
Et vous, comment gériez-vous les épinards petits ?
Mangez-vous le dessert en premier ?
31 Commentaires
5 novembre 2017 17 h 59 min
En T Shirt à Londres alors que j’avais deux cachemires à Amsterdam ? Je suis trop envieuse !
Je détestais les épinards ! Et les carottes ! Et les petits pois ! On finissait par me faire grâce (sic) d’une partie de l’assiette. Quand je suis seule, il m’arrive de ne manger que du fromage et du dessert !
J’ai Londres sur ma wishlist, en tous cas !
Bon, Philéas roule vite, très vite et j’ai vite viré le pull pour tenter de le rattraper. Mais même aujourd’hui, je suis pieds nus – je crois que le belge est par défaut muni d’un modèle de chaufferie puissante. Tiens-toi prête, Londres arrive en fanfare sur le blog cette semaine ! Et j »ai une jolie surprise pour ceux qui y vont bientôt ( j’essaie de me retenir d’en dire plus ).
Alors, as-tu aimée Amsterdam ? Une fois sorti du quartier rouge, la ville est incroyable, non ? As-tu jeté un coup d’œil à la section enfant de la bibliothèque municipale ?
5 novembre 2017 21 h 10 min
Cette expression me parle. Mes parents étaient paysans et seule la notion de travail comptait pour eux.
Pas de livres (ça rend fainéant !) Le journal et la télé apportaient quand même un peu de culture à la maison. Tu vois, les épinards, j’ai l’impression que c’était le quotidien de mon enfance et d’une partie de mon adolescence dans cette maison où j’étais un ovni qui aimait lire et rêvasser.
Quand j’ai quitté la ferme, j’ai pu enfin manger autre chose, des entrées et des desserts. Mes parents ne comprennent pas mes envies, C’est pas grave et je les remercie. Je me suis beaucoup ennuyée, enfant et ça développe l’imagination. Et j’admire ce petit grain de folie, propre à tous ces belges un peu ‘barrés’ qui ont tellement de talent. Le meilleur compliment qu’on puisse me faire, c’est de me dire que je suis un peu folle, j’ai l’impression d’être un tout petit peu belge.
Moi qui ait grandi ballottée de maison en maison – des dizaines, dont on partait toujours en catastrophe quand mes parents ne pouvaient plus assumer le loyer – je me demande parfois ce que ça fait, d’avoir des racines. De vivre toute sa vie au même endroit, de plonger ses racines dans celles de nos ancêtres.
Mais notre point commun est sûrement cette vie parallèle, petites. Je m’en suis rêvé, des maisons et vies stables. Finalement, je retourne très rarement en Belgique, je me dis que c’est une façon de prolonger ce rêve d’enfance, sans le confronter à l’épreuve de la réalité.
5 novembre 2017 21 h 40 min
ah ces épinards!!! et ces parents qui voulaient sans doute bien faire mais se trompaient totalement!!!
moi petite je sortais le chocolat du pain au chocolat, je mangeais la pâte ensuite!!! j’aime cette phrase… life is short, eat your chocolate-icecream-fruit-cake!!!! ( but f— spinach)
vivement londres alors!!!
En fait, je ne suis même pas sûre d’avoir un jour osé dire que je détestais ça. Virgile a une aversion totale pour le goût des tomates, même s’il aime les cultiver. Hors de question de le forcer, ça en laisse plus à ceux qui aiment ça !
Oh oui, j’en ai aussi dépiauté, des pains au chocolat – mais pour manger le chocolat en dernier. Tes mots me font penser à cette scène poignante, dans le pianiste. La famille attend le train qui les emmène vers les camps et une jeune homme passe entre les groupes pour vendre un carré de chocolat à prix d’or. Ils se le partagent et le gardent en bouche aussi longtemps que possible. Rien que d’y penser, ça me bouleverse. Alors oui, mangeons du chocolat pour tous ceux qui ne le pourront plus – et surtout partageons-le !
6 novembre 2017 8 h 22 min
<3 tu as raison, savourons… belle semaine à toi dans l'Aygo!
6 novembre 2017 11 h 11 min
Ah la la ! Je ne sais même pas par quel bout commencer ce commentaire…
Moi qui adore les épinards, depuis un mois et demi, j’aimerais tellement les manger d’abord mais je crois que je suis obligée d’attaquer par le chocolat (et je n’aime pas vraiment le chocolat)…
Mais ce n’est pas vraiment mon sens du devoir qui est en cause plutôt la vie qui se rappelle qu’à un moment quelconque il ne faut pas s’asseoir sous les arbres en pensant que tout va rouler paisiblement durant la vie des ageasses !
Alors, j’avale vite les louches en buvant beaucoup d’eau et en pensant que mon assiette d’épinards finira bien par revenir et qu’avec un peu de chance, elle n’aura pas trop refroidi…
Miss Blabla , je suis allée voir la définition des « ageasses » …si tu le permets , je vais en jeter en reprenant l’expression!
J’en conclus donc que c’est une expression de mon coin alors ! ;-)
Je suis d’accord avec toi Miss Blabla ; je déteste par exemple l’idée d’aller randonner dans les Calanques. Les paysages sont merveilleux, bien sûr; mais imaginer que le plus dur viendra quand il faudra tout remonter à la fin me déprime d’avance. Du coup, je ne savoure même pas le plaisir de la descente.
J’espère que ta Calanque chocolatée reste agréable et que la pente sera douce ensuite pour remonter. Tu as raison, même si on rêve parfois d’appuyer sur pause, c’est souvent dans l’action qu’on se sent pleinement épanoui.
Franchement, j’aimerais avoir un morceau de sucre qui aide la médecine à couler comme dans Mary Poppins…
Je me sens tellement désorientée pour ce qui est des semaines qui viennent de s’écouler et celles qui arrivent…
6 novembre 2017 14 h 36 min
Je me rappelle des repas à 3 puis à 1 car je n’avais toujours pas mangé mon steak ! Je mâchais, mâchais, mâchais ma bouchée jusqu’à qu’elle n’ait plus de goût et que je puisse la refiler discrètement à mon chien planqué sous la table ! Toute ma jeunesse, j’ai été très mince , au point que mes parents m’emmenent voir un pediatre et s’entendent dire de me laisser manger à ma faim ! Depuis mon corps s’est « légèrement » étoffé !
Comme Jo, mal vu de lire à la maison, du coup je m’enfermais des heures aux toilettes pour lire les livres de la bibliothèque de l’école ! Mes parents ont toujours cru que j’étais constipée !
Je me suis également beaucoup ennuyée étant fille unique d’une mère qui aurait pu être ma grand mère et repassait plus souvent que jouait à des jeux de sociétés avec moi ! Mais maintenant je ne m’ennuie plus jamais !
Je me présentais sur copaindavant : j’ai un mari, 2 enfants, un chien, un chat et une araignée au plafond !
Daphné, tu es entrain de tricoter de magnifiques souvenirs couleur arc-en-ciel à tes enfants !
Oh la la oui Fredix ! Je connais aussi le morceau de viande qui n’a plus aucun goût à force de le mâcher. Petite, il m’est arrivé de tellement m’ennuyer au restaurant que je mâchais pour passer le temps.
Aujourd’hui, je me régale de pique-niques où les enfants peuvent courir librement, sans contrainte, s’allonger et picorer ce qui leur plait. Ou on commande des plats à manger sur la table basse. Et pour les soirs de flemme, quand je n’ai pas envie de cuisiner, j’ai toujours un plat tout prêt au congélateur.
Parce qu’un repas devrait être un moment heureux !
6 novembre 2017 15 h 17 min
tes épinards étaient mes endives cuites grhhh et comme le commentaire ci-dessus je devais bien souvent finir mon assiette seule dans la cuisine … jamais je n’ai pu imposer cela à ma famille.
Si je commençais par le dessert, je crois bien que je ne mangerais que cela -;)
Le chicon, quel grand souvenir pour moi aussi Chris. Je réalise en te lisant que ça fait une éternité que je n’en ai pas cuisiné. Pauvre chicon béchamel jambon de la cantine, je crois que personne ne l’a aimé, celui-là.
6 novembre 2017 16 h 17 min
Coucou Daphné, bon retour !
Merci Françoise; que c’est bon de revenir ! Je me disais que ces deux semaines au ralenti seraient quand même un bon test : cette fois je n’ai pas culpabilisé de laisser le blog en jachère et je vous retrouve avec encore plus de plaisir.
J’ai d’ailleurs plein de projets à partager !
6 novembre 2017 18 h 48 min
Moi c’est mon morceau de poulet froid que ma mère m’a ressorti à quatre-heures, pour le goûter à la plage… alors que les autres avaient des BN.
J’en rigole mais ça m’a marquée : je devait avoir 6 ans.
Oh la la, je n’ose même pas imaginer la tête de Virgile si je lui faisais ça. Le truc qu’il n’oublie jamais de vérifier en partant à l’école, c’est de regarder ce qu’il a comme goûter. Les jours où il trouve en plus 2 – 3 bonbons à partager avec ses copains, c’est la teuf totale !
7 novembre 2017 1 h 25 min
Je ne mange pas le dessert en premier, je fais pire : je regarde les épinards de loin en les laissant refroidir. Et une fois mon estomac au bord de l’agonie je mange les épinards refroidi, et je n’ai plus le temps de manger le dessert…
Aller on va arrêter la métaphore filée :p, j’ai hâte de lire tes articles sur Londres, j’ai très envie d’y traîner mon homme (qui parle anglais comme un ardennais, ça c’est pour ajouter une petite touche de fun au voyage).
J’ai vraiment gardé cette habitude de l’enfance ; quand j’ai un truc pénible à faire, je m’en débarrasse en premier, en me promettant de savourer ma danette ensuite.
Mais ma technique rarement efficace en vrai; souvent, d’autres assiettes d’épinards me sont resservies avant même que j’ai le temps de penser à ma danette ( j’ai l’impression que souvent, on me refile des assiettes qui ne sont pas les miennes ). Il faudrait que j’arrive un jour à vaincre ma fichue culpabilité pour laisser l’assiette refroidir, seule.
Ca y est, j’ai enfin publié ma carte de Londres – purée, j’en ai passé des soirées à la préparer !
7 novembre 2017 12 h 05 min
Je crois que mon enfance a été faite de confitures sur du pain de campagne beurré, d’odeurs de foins coupés, et de livres illustrés. J’ai eu beaucoup de chance, même si parfois je me suis cassé les dents sur quelques noyaux oubliés (c’était pour la pectine, bien sûr, qui rend plus fort le jus de la vie !).
et sans métaphore aucune, je me rappelle qu’en vacances (en camping sauvage), on faisait parfois des repas à l’envers : on commençait par le dessert qu’on mangeait sur l’assiette retournée, on finissait (si on avait encore faim) par les tomates à croque sel !
Comme c’est mignon; je me souviens que tu m’en avais déjà parlé et que je n’ai toujours pas testé ça avec mes petits gars. Hier soir, on s’est offert une soirée pizzas sur la table basse en regardant un film avec le projecteur. J’espère que « Inconscient Productions » gardera ce genre de moments-là dans la mémoire de mes garçons.
La vie n’est pas toujours tendre, alors autant charger ses bagages de plein de douceurs dans lesquelles puiser plus tard.
7 novembre 2017 19 h 19 min
Mon plus mauvais souvenir, une année passée dans le nord dans une école religieuse, le pire jour de la cantine c’était des saucisses immondes avec de la compote de pomme, les morceaux de saucisse (beurk) dissimulées dans les poches de ma blouse finissaient dans les bosquets du jardin après le repas.
Pauvre Dom, j’imagine la scène – tu devais en plus avoir peur de te faire choper. Et si les saucisses-compote revenaient régulièrement au menu, que le départ à l’école ces matins-là devait être stimulant !
Dans une de mes écoles, il y avait un toboggan d’évacuation. Je n’ai cessé de rêver de pouvoir l’utiliser un jour.
9 novembre 2017 13 h 08 min
Je découvre votre blog et j’adore :)
Sinon oui ce post me renvoie des années (pour ne pas dire au moins deux décennies en arrière)… Moi je détestais la purée de céleris …. Je suis restée des heures assise à table devant mon assiette! Pas le droit de sortir de table et aller jouer avant d’avoir tout mangé. En grandissant j’ai opté pour une stratégie comme la tienne et le nez bouché j’avalais tout le plus vite possible.
Le comble : aujourd’hui j’adore la purée de céleris ;) mais je n’oblige jamais mes enfants à manger ce qu’ils détestent!
Merci pour ton adorable mot Carnet de Laine <3
Purée, on est quand même nombreux à être sortis un peu trauma de nos repas d’enfance ! Ouf, ma mère n’état pas adepte du céleri – bien que je garde aussi quelques souvenirs douloureux de salsifis.
Oui, cela me semble essentiel de faire des repas d’abord un moment de plaisir; rien ne sert d’imposer à nos enfants des trucs qui les dégoûtent. Ici, à mon grand dam, c’est la tomate crue que Virgile déteste. Je fais attention à ne jamais lui en imposer et lui prépare sa part sans tomates quand on fait des salades. Il a toute sa vie pour les aimer, rien ne sert de le forcer.
9 novembre 2017 18 h 11 min
Je revois mon désespoir devant une assiette de viande rouge, seule à table, bien après l’heure, j’alignais les morceaux à la file indienne, en les visualisant sous forme de train, ils étaient certainement plus faciles à avaler…et comme je peinais, ma grand-mère avait trouvé la parade, elle me pressait la viande rouge pour en extraire le jus qu’elle me servait chaud ! Un plein verre de sang chaud donc…je te laisse imaginer mon angoisse !
19 octobre 2018 18 h 21 min
Ohhh lala tes epinards sont mon tapioca de mes jeunes années…sauf que si je ne les mangeais pas ma mère les mettait au frigo et hop le lendemain matin et ainsi jusqu à que je les mange…depuis je mange de tout …ma maman n a jamais été rellement sentimentale. Je n impose rien à ma fille sinon de goûter un peu avant de dire beurck ! Ahhhh jeunes annees ne riment pas toujours avec sourire