parler d' actualité à un enfant

Avoir 6 ans en 2018

Parler de l’ actualité avec son enfant

Quand j’avais 6 ans, je voulais sauver le monde. Pour ça, j’avais un plan : fermer l’eau du robinet et regarder Daktari. Grâce à mes fins d’après-midi concentrée devant la RTBF, je savais qu’acheter des défenses d’éléphant, c’est mal. Je regardais d’un œil torve les brocanteurs qui déballaient leurs couteaux à manche d’ivoire place du jeu de balle et rêvais d’un monde plus juste.

discuter de l' actualité avec un enfant

Et puis, la petite Daphné avait une autre grande conviction : c’était sûr, quand la monnaie européenne unique serait mise en place, tout allait changer. L’an 2000 promettait d’être hyper cool ; non seulement on aurait des voitures volantes mais en plus le monde serait plus juste. T’imagine un peu ça : on serait enfin tous égaux.

Vint 2001 : l’ecu fut abandonné, on passa à l’euro et j’allai échanger mes francs avec bébé Philéas dans mes bras. 10 ans après Virgile naissait.

changer le monde

Être enfant en 2018

Quand Virgile se brosse les dents, il ferme évidemment l’eau. Ça, c’est la base. Il fait aussi la chasse aux lumières allumées, porte de frigo trop longtemps ouverte, pense qu’aller au Mac Do c’est mal, vérifie sur Yuka si ses gâteaux contiennent de l’huile de palme, nous demande de manger moins de viande, ramasse les déchets plastiques sur la plage et explique volontiers que fumer, c’est mauvais pour les poumons. Il fait chaque année des exercices de confinement anti-terroriste au sein de sa classe, parle de SOS Méditerrannée aux gens qu’il rencontre, recommande aux copains de ne pas mettre trop de sel dans leurs plats et a décidé de construire des ruches pour les abeilles solitaires.

Sauver le monde, quand tu a 6 ans 1/2 en 2018, ne serait-il pas devenu un poil anxiogène ?

Est-ce notre monde qui a changé  Virgile et ses copains sont-il mieux informés ?

Comment parler de l’actualité en famille

Je suis toujours partagée :

  • d’un côté, on parle de tout en famille. Virgile participe toujours aux discussions à table; il a envie de s’informer, comprendre les enjeux et lit volontiers « Mon petit quotidien » en classe.
  • de l’autre, je me dis qu’il n’a encore que 6 ans ( 1/2 certes, mais quand même ) , que c’est encore un peu tôt pour se soucier de toutes ces choses-là.

Une question d’équilibre

Comment trouver le juste équilibre pour préserver nos enfants, tout en les accompagnant dans leurs questionnements ? Sans essayer de leur cacher des choses mais en mettant les enjeux à leur portée ?

C’est une question quotidienne à la maison, d’autant que les discussions sont souvent animées et que Virgile a envie de se hisser au niveau de Philéas.

avoir 6 ans en 2018

Du coup, j’avais envie de vous demander comment vous faites chez vous pour parler d’ actualité à votre enfant :

Abordez-vous tous les sujets avec lui ? Comment arrivez-vous à trouver les mots justes pour leur parler de sujets sensibles ?


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22 Commentaires

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Mila
Mila

8 juillet 2018 22 h 12 min

Ah, Daphné, comme cette question me taraude aussi ! Nos enfants sont à peu près du même âge que Virgile (bientôt 8 ans et 4 ans), et me souvenir d’Anna me disant en janvier 2015 (petite section), puis en novembre 2015 (moyenne section) « on s’est tenus les mains en faisant la ronde en silence » me fait encore monter les larmes au yeux. Nous n’avons pas de télévision à la maison et ne regardons donc pas les infos, ne mettons pas la radio sur le trajet de l’école mais des CD de musique que les filles choisissent. Je les protège mais pour autant, on aborde de plus en plus des sujets d’actualité : l’accueil des réfugiés (file d’attente devant la préfecture un matin), la pauvreté (personnes dans la rue avec un carton demandant de l’argent). C’est plutôt l’occasion qui fait naître la discussion. Et dans les cours de récré, ça cause sévère, et Anna sait qu’elle peut nous poser toutes les questions qu’elle veut en rentrant de l’école. Irène est plus petite mais a déjà demandé comment se fabriquent les bébés : j’évite le coup de la rose et du chou, je dis les choses avec des mots simples. On n’emploie pas de termes édulcorés pour l’anatomie (je trouve que ça met le doigt justement sur notre trouble qui n’a pas lieu d’être). Mais je m’égare, je m’égare. Ta question est passionnante. J’ai hâte de lire les commentaires !

Nanou
Nanou

8 juillet 2018 22 h 23 min

Nous avons toujours parlé de tout avec nos enfants et surtout tenté de répondre au mieux à leurs questionnements en fonction de leur âge.
Il me semble cependant que nos enfants vivent dans un monde où la légèreté n’est plus de mise, il me semble avoir eu une enfance, une adolescence et un début d’âge adulte bien plus insouciants même si nous refaisions le monde 10 fois par jour. Aujourd’hui il faut être dans la performance, planifier son avenir dès le lycée, se créer un réseau. Y’a plus de place pour les rêveurs !

bobette
bobette

8 juillet 2018 22 h 23 min

Ici, on parle de tout , je pense. Lorsque je ne me sens pas à l’aise , je dis que je préfère ne pas parler de cela car cela m’angoisse.Ou que je les trouve trop jeune (pour ma fille) et que je n’ai pas les mots. Mes enfants savent que je suis une personne « anormalement » sensible et anxieuse. J’ai expliqué pourquoi. Je culpabilise parfois de ne pas réussir à contenir les émotions comme la semaine dernière quand j’ai résumé « La tresse » à la demande de ma fille et que j’ai évoqué la vie des petite filles (et souvent leur mort). J’ai acheté ce livre, vraiment bien fichu https://www.ecoledesloisirs.fr/livre/oui-non

bobette
bobette

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bobette


8 juillet 2018 23 h 01 min

des petites filles en Inde je devrais préciser…

Hélène
Hélène

9 juillet 2018 6 h 19 min

Le sujet que tu abordes est très intéressant. Je n’aborde pas de manière directe les questions d’actualité avec mon fils ainé. S’il a entendu parlé de quelque chose qui l’intrigue, on en parle simplement. Et si j’estime que ce n’est pas de son âge, je donne peu d’explication en lui disant qu’on en reparlera plus tard.
Je trouve moi aussi que le monde est plus anxiogène qu’à notre époque. J’ai une nièce de 11 ans totalement sensibilisée et stressée par les produits cosmétiques toxiques, les centrales nucléaires, le non bio… Elle s’est développée une peur et a du mal à être loin de sa famille. Du coup, il y a des choses qu’elle ne peut plus faire (qu’elle n’arrive plus à faire).
Il y a un sujet qui me tient tout de même à coeur et que j’aborde dès le plus jeune âge avec mes enfants, c’est le développement durable, la protection des ressources. Je trouve que si nous ne les éduquons pas tôt sur ce sujet, le changement sera long et c’est maintenant que nous devons agir.

Anne

9 juillet 2018 9 h 22 min

Nous parlons de tout aussi, en nous disant qu’il vaut mieux que nôus en parlions ensemble plutôt que les informations n’arrivent déformées par les copains de l’école.

Yanne
Yanne

9 juillet 2018 12 h 38 min

Coucou, plus d’enfant ici mais j’ai gardé un soir deux blondinettes de 7 et 8 ans et, le temps d’un câlin, elles ont réussi a demander pourquoi on avait des poils quand on grandissait et à aborder le sujet du mariage ! Je les ai couchées vite fait avant qu’elles ne s’intéressent au nucléaire et aux migrants. Parce que la question des migrants a beau me tarauder, j’ai souvenir de ma fille aînée piquant une crise d’angoisse devant un mendiant et je ne saurais que dire.
Je crois qu’il faut répondre aux questions sans les susciter, expliquer ses choix quand l’enfant s’interroge (pourquoi on ne mange pas de nutella ?) et ne répondre qu’à la question posée, sans développer outre mesure. La presse jeunesse (Bayard-Milan en particulier) est excellente pour aborder tous les sujets d’actualité avec les bons mots.

Sabrina
Sabrina

9 juillet 2018 14 h 41 min

Ici, petite puce à 3 ans, on n’a pas encore vraiment eu à parler des questions d’actualités. Sauf quand on croise une manifestation d’Amnesty International et qu’il faut expliquer ce qu’est la guerre. On parle environnement, mais on en reste à « Va mettre ça à la poubelle ?  » « Celle-là ? » « Oui, le recyclage », et le mode perroquet quand on dit qu’on voudrait bien une voiture électrique, parce que la notre « elle salit la planète ».
Enfant, vers l’âge de 7 ans, mon oncle m’avait abonnée à un hebdomadaire pour enfant, j’ai adoré ! La version du JT pour enfant sur ARTE est vraiment bien fichue aussi. C’est recommandé à partir de 10 ans, mais comme ça se regarde accompagné d’un adulte, je pense qu’on peut commencer plus tôt (les parents des 6-7 ans ont-ils un avis ?) J’avais entendu dire une journaliste que ce média était génial parce que forcément débarrassé des « éléments de langage », de la langue de bois, etc.
Hâte de lire les commentaires aussi, ça m’inspirera pour la suite :)

PS : depuis tes photos sur le Goat Yoga, je suis allée Outre-Quiévrain à Plopsaland (anciennement Meliparc) et j’y ai caressé quelques bébés chèvres. C’est mort, je veux faire du Goat Yoga, c’est trop mignon un bébé chèvre, et c’est sûrement moins compliqué qu’in cours de yoga parent-enfant (personne ne te regarde de travers parce que ta chèvre bêle !)

Cristina
Cristina

9 juillet 2018 15 h 27 min

C’est une bonne question??? En Belgique depuis deux ans les enfants ont un cours de citoyenneté où les certains fait d’actualité sont abordé (le racisme, homosexualité). On en parle aussi à la maison. Mon mari et moi sommes assez ouvert, on discute de tout.
Là ou j’ai eu le plus de mal c’était d’expliquer les attentats. Pourquoi des gens font ça Maman? C’est pas très gentil hein…
Le lendemain des attentats de Bruxelles, j’ai dû prendre mon courage à trois mains pour retourner bosser dans cette capitale meurtrie. Ma grande (qui avait 6 ans à l’époque) m’a fait promettre de faire attention aux terroristes gloups.
Mon mari et moi avons pris la décision d’expliquer les choses avec des mots simples, mais de les expliquer quand même.
Je pense qu’il n’y a pas de bonne recette. Tout dépend de l’enfant.
Belle journée

Jo Ridee rieuse

9 juillet 2018 16 h 00 min

Pour enfants et petits enfants, je trouve qu’on passe plus de temps à rétablir la vérité qu’à l’expliquer.
Plus de fake news dans la cour de l’école que sur internet !

la Fourmi Elé

9 juillet 2018 19 h 18 min

C’est vrai qu’avoir 6 ans aujourd’hui et 6 ans dans les années 70/80 comme moi, ça change la donne ! on ne fait pas les même chose ! On jettait tout dans la même poubelle, mais on passait à la superette rendre nos bouteilles en consignes ! Je suis passée du dernier fermier du village qui faisait sa tournée pour vendre ses oeufs à l’hypermarché en moins de 2 ! on dirait que ça a été un peu trop rapide ! Heureusement nos jeunes à nous savent déjà faire la différence! Quant à l’actu, elle est tellement rude que j’ai bien envie de les protéger mais on fait un peu juste un peu le tri en expliquant !

Mila
Mila

10 juillet 2018 18 h 28 min

Merci à toutes (je crois, sinon je mets « tous ») pour vos idées et commentaires ! Le journal d’Arte junior (bon, sans télé, mais en replay ça marche ?), les idées de livres…