Comment construire une marche en béton ?
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Dans ma première maison, j’ai repeint les murs. Dans la deuxième, j’ai aussi installé une cuisine, posé du parquet et du carrelage. La troisième, on l’a construite et presque plus rien ne me fait peur. Attention, cet article à un haut potentiel glamour ! Mais ne fuyez pas – je suis persuadée qu’avoir un tiroir rempli de vêtements de chantier n’est pas incompatible avec une trousse à maquillage bien fournie.
Laisse béton, la maçonnerie, c’est pas un truc de fille. Pendant longtemps, j’ai cru que c’était trop dur, trop lourd, trop technique et trop sale, je ne m’imaginais pas mettre les mains dans le mortier pour construire une marche en béton.
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Et puis, on a construit notre maison.
Côté positif ? On est maîtres à bord ! On voulait de grands volumes, une unité de matériaux, on a pu décider de tout, de A à Z.
Côté négatif ? Un chantier colossal et des moyens financiers pas extensibles.
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Notre maison est maintenant pratiquement finie mais le plus long reste encore à faire : aménager l’extérieur. Nous avons la chance de vivre dans un coin de garrigue préservé, mais notre terrain est pentu et nécessite des escaliers. Pour rejoindre mon atelier, il faut descendre une pente peu pratique. Et quand il pleut, tout le gravier du chemin d’accès dévale la pente, rendant impossible quelque espoir de plantation à cet endroit. D’ici le printemps, mon projet est de créer une allée bétonnée avec quelques marches pour accéder à mon atelier.
L’allée finie fera 6 mètres de long, c’est plutôt dans la catégorie gros chantier. Mais je vais construire le projet par tranche. Si je procède par étapes, ça me parait déjà moins impressionnant.
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Première étape ? Construire la marche en béton de départ
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Voici comment j’ai fait cette première marche en béton :
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J’avais quelques appréhensions mais, finalement, le plus long fut de créer le cadre en bois pour que la marche soit bien de niveau. Pour faire cette marche en béton, j’ai procédé comme si je faisais un gâteau :
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- fabriquer un moule et le mettre en place
- mélanger la pâte
- la verser dans le moule en alternant des couches
- laisser prendre dans le moule
- tadaaam, démouler !
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Pas si compliqué finalement. Je vous explique en détail ?
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Comment faire une marche en béton
Outils et matériaux nécessaires
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Pour créer le cadre en bois
- niveau, si possible bien large, mètre, règle, équerre, crayon
- scie sauteuse
- visseuse et quelques vis
- huile
- gants et lunettes de protection
- planche de coffrage
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Pour couler le béton
- niveau, truelle, auge, éponge
- mortier de montage
- eau
- cailloux
- treillis de fibre de verre
- paire de ciseaux costauds ou pince à couper
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Une fois enfilé de vieux vêtements et baskets, une paire de lunettes et des gants pour me protéger les mains je me suis attaquée à ma marche.
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Faire le coffrage de la marche en béton
- J’ai acheté dans une grande surface de bricolage une planche de coffrage pour faire mon cadre. Comme elle était trop longue pour ma voiture, je l’ai recoupée sur place avant de la charger.
- J’ai commencé par fabriquer le moule pour couler mon béton. Ici, c’était un peu complexe, rien n’est de niveau et une grosse dalle de béton, reste du chantier de la maison, compliquait la tâche. J’ai fait mon coffrage en bois, en reportant les différentes hauteurs, afin que le haut de la marche soit de niveau. Pour que l’eau s’écoule quand il pleut, j’ai créé une rigole sur le côté.
- Attention, pour éviter les fissures, il faut créer un joint de dilation entre le support existant et la marche. Ici, j’ai laissé 2.5 cm, soit l’épaisseur de ma planche de bois.
- J’ai assemblé mon coffrage avec des vis, ainsi, j’ai pu le démonter facilement pour démouler ma marche une fois sèche. Ce travail m’a pris un peu plus d’une heure, à cause des nombreuses découpes sur ce coffrage particulier. Si votre sol est droit, cela devrait être beaucoup plus simple.
- J’ai vérifié avec mon niveau que mon coffrage était bien droit une fois en place, puis j’ai découpé mon treillis de fibre de verre. Comme j’ai prévu de prolonger ma marche par un palier, j’ai laissé le treillis déborder pour qu’il serve aussi au palier et lier les deux, cela évitera les fissures entre marche et palier.
- J’ai posé le treillis, puis le coffrage, que j’ai calé avec des petits cailloux. J’ai choisi d’incliner légèrement ma marche dans le sens de la pente pour faciliter l’écoulement de l’eau. J’ai bien calé le coffrage avec des grosses pierres et parpaings pour éviter qu’il ne bouge sous le poids du béton.
- J’ai généreusement huilé mon coffrage pour faciliter le démoulage, comme on graisse un moule pour faire un gâteau.
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Couler votre marche en béton
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- Puis, je suis passée à la préparation du béton. J’ai acheté des sacs de mortier de montage. Le mortier ne contient pas de gravier, à la différence du béton. Pour mon projet, le mortier était plus adapté : plus facile à mélanger car plus lisse, il permet d’obtenir une finition propre sur les faces apparentes de la marche. Et comme j’habite dans la garrigue, pas de problème pour trouver des cailloux.
- J’ai mélangé le mortier par demi-sac dans l’auge avec de l’eau jusqu’à obtenir un mélange semblable à de la crème fraîche épaisse. Attention, j’ai mis des gants bien étanches pour ne pas m’abimer les mains, le béton assèche beaucoup la peau.
- Mon coffrage était posé sur une dalle de béton mais si votre sol est moins stable, je vous conseille de tapisser le fond de votre moule d’un lit de cailloux et de sable. Si vous construisez votre marche sur une dalle de béton, humidifiez-là.
- J’ai relevé le treillis de fibre de verre posé au fond du coffrage. J’ai versé 5 cm d’épaisseur de mortier, dans lequel j’ai enfoncé des cailloux. J’ai rabaissé le treillis puis j’ai fait une deuxième couche
- A nouveau, j’ai coulé du mortier avec des cailloux et une couche de treillis par-dessus. J’ai particulièrement fait attention à bien secouer mon mortier pour chasser les bulles sur l’avant de la marche. Attention, le treillis doit être en retrait pour disparaître dans le mortier, sinon, la face de votre marche ne sera pas très esthétique.
- J’ai empilé les couches l’une sur l’autre. Tous les 5 à 8 cm d’épaisseur, je vous conseille de mettre une bande de treillis de fibre de verre découpé à la taille de la marche.
- Arrivée à fleur du haut du coffrage, j’ai bien lissé mon mortier pour qu’il soit plan. Vous pouvez vous aider de votre niveau pour être sûr de ne pas avoir de creux.
- Le coulage de la marche m’a pris deux heures.
- J’ai laissé sécher quelques heures jusqu’à ce que le dessus de ma marche soit dur comme du cuir, pas encore vraiment sec mais déjà solide. Mains gantées, avec une éponge humide, j’ai doucement épongé le dessus de la marche avec des mouvements circulaires pour la rendre plus rugueuse en faisant ressortir les grains. Si vous ne le faites pas, votre marche risque d’être glissante par temps humide.
- Enfin, j’ai laissé la marche sécher tranquillement et une semaine après je l’ai démoulée en dévissant les planches de coffrage. Ma marche ne sera sèche à cœur qu’au bout de trois semaines, c’est pourquoi il vaut mieux éviter de marcher dessus pour l’instant.
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Le prix de revient de cette marche en béton de 100 cm larg. – 25 cm prof. -25 cm haut est de :
- 6 euros la planche de coffrage
- 11 euros pour deux sacs de mortier
- Et 3 euros de treillis de fibre de verre ( le reste du rouleau me servira plus tard )
Soit 20 euros de matériaux et trois heures et demi de travail pour construire ma marche en béton. Bon, il n’en reste plus que 8 autres à faire pour finir mon allée !
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Au final, la maçonnerie, c’est pas si compliqué. Ça demande de la minutie et de la préparation pour que le résultat soit propre. Pour ce projet – une marche de jardin en béton – le plus fastidieux fut la fabrication et l’installation du coffrage. Je ne me lancerai pas dans de grands travaux de maçonnerie mais je n’ai plus peur de fabriquer marches ou murets. D’ailleurs, j’ai aussi construit toute seule la jardinière que vous voyez juste à côté de la marche. Et je suis plutôt fière du résultat !
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Et vous, avez-vous déjà fait de la maçonnerie ?
This post was written by Daphne
19 Commentaires
10 février 2016 11 h 45 min
Hello ma voisine de Vidourle !
Maçonnerie pâtisserie même combat…… J’ai bien ri en m’imaginant monter le béton comme la chantilly :-)
Ce qui est en projet chez moi c’est de refaire éventuellement la terrasse qui peut, à terme, devenir un peu dangereuse, mais n’étant pas chez moi j’hésite grandement et évidemment le proprio (un bailleur social) refuse d’intervenir étant donné que ce sont les anciens locataires qui ont fait un travail de sagouin.
Mais bon, étant dans les lieux au moins jusqu’à la retraite, me demande si je vais pas faire venir les copains contre bon repas pour arranger tout ça !!!!
Par contre je me lancerais bien dans la construction de 2 jardinières et je veux bien tes trucs et astuces en sachant que des poteaux se trouveront au milieu ;-)
Chapeau bas pour tes réalisations, tu as toute mon admiration et tes explications sont excellentes pour une novice comme moi ; très bonne idée d’avoir conçu ce texte comme une recette de cuisine.
L’idée d’écrire un bouquin sur le bricolage à la façon de Ginette Mathiot ne te tente pas ????!!!!!
Bises
Bonjour chère voisine,
je pourrais négocier un fondant au chocolat contre un peu de maçonnerie alors ?
Le problème avec les ouvrages en béton, c’est s’ils ne sont pas bien faits et qu’il faut casser, je n’ose même pas imaginer les tas de gravats à déblayer. Peut-être dans ton cas la solution pourrait passer par une terrasse en bois sur plots par dessus l’existant ?
Si tu veux t’entraîner avant de faire des jardinières, j’espère partager bientôt des petits DIY à base de mortier.
Ah oui je prends les petits DIY à base de mortier! Quel talent, sincèrement…
Rien à voir mais comment fait-on pour mettre une petite photo à côté de son commentaire?!
Dès que j’ai fini mon escalier je m’offre une récréation en béton pour un petit DIY – ça va reposer un peu mon dos ;-)
Je ne suis qu’une imposture question nouvelles technologies, c’est mon grand qui m’aide pour toute la partie technique, mais je reviens avec sa réponse ce soir, promis !
Ca y est Morgane, j’ai mis le meilleur talent digital de befrenchie sur le coup ( bon, d’accord, j’ai exploité mon fils ) pour expliquer dans un petit post dédié comment rajouter sa photo.
10 février 2016 15 h 10 min
Nan mais c est chapeau bas ! Gros oeuvre en DIY! Tu innoves et tes explications sont béton (pardon…)
ton jardin a l air magnifique.
Merci Mila ! Et oui, avant de me lancer dans des échanges de maison, il a bien fallu la construire, cette maison. On a la chance d’être en pleine garrigue, quel plaisir de profiter de la nature tous les jours.
15 février 2016 9 h 53 min
Bah dis donc ! Bravo ! J’ai justement testé récemment et bien plus modestement le béton (encore que ce soit un abus de langage : juste du ciment, en fait, pour un socle de pied de lampe et une lettre déco, donc sans treillis ni couches successives), et j’imagine aisément la difficulté de mise en oeuvre pour une réalisation de cette ampleur !
Hormis que c’est plus volumineux, ça ne m’a pas parut plus compliqué et même pas besoin d’une multitude d’outils. Et puis, la fierté d’y arriver n’a pas de prix.
Dès que j’ai fini le reste de mes marches, je me lance dans des DIY pour la maison, je crois que j’en pince pour le béton !
N’as-tu pas rencontré de difficultés pour fabriquer le socle de lampe et la lettre ? As-tu mis un produit protecteur pour éviter la poussière ?
En fait, pour le socle de lampe (trouvée sur Pinterest), j’ai utilisé une brique de jus de fruit comme moule. Assez solide, facile à démouler (pas de regrets en le déchirant). J’avais mis au fond de la brique une petite planche, parce que les fonds de brique, avec le pliage du carton, ne sont pas stables.
Le socle s’est avéré être très joli, bien lisse et bien stable (la planche s’est retirée avec le démoulage)
Tout allait bien jusqu’au moment où j’ai voulu enfiler le câble électrique dans le tuyau en cuivre formant le pied de la lampe : impossible de passer les coudes !!!
J’ai donc tout recommencé, avec un tuyau en cuivre légèrement plus large, et aussi en passant les morceaux de tuyau et les coudes comme des perles sur le câble avant de tout fixer, puis de couler le béton dans une autre brique de jus.
Et là, gros fail : j’ai oublié de mettre une planchette au fond de la briquette… Donc au démoulage, tout basculait, vraiment beaucoup… J’ai poncé poncé, mais impossible de rattraper l’erreur, au risque d’arriver au niveau du tuyau de cuivre emprisonné dedans. Du coup, j’ai collé une planchette dessous avec du mastic (le mastic compense très bien les creux), et pour masquer le bouzin, j’ai doré à la feuille (couleur cuivre) une bande recouvrant la planche et la jonction (mastic) avec le béton… ce qui finalement ajoute un élément déco plutôt réussi.
En tout cas, ma fille est ravie !
Pour la lettre, je me suis fabriqué un moule avec du carton fort et beaucoup de scotch. J’ai ensuite laissé sécher sur une planche bien à plat grâce au niveau à bulle, mais j’ai étayé les côtés de la lettre (un N) avec des petites planches, juste posées contre le moule, parce qu’une fois le béton coulé dedans, les côtés du moule avaient tendance à se déformer…
A l’arrivée, j’ai quand même dû poncer un peu pour que ça soit mieux équilibré au niveau de l’empiétement (quelle poussière !), mais surtout, mon rapport hauteur (20 cm) / épaisseur (4 cm) de la lettre n’est pas idéal pour une bonne stabilité : elle tient très bien debout, mais il ne faut pas la heurter… Du coup, elle est à l’abri dans la bibliothèque, plutôt que sur le buffet ancien auquel elle était destinée (ce buffet dont le plateau est légèrement incurvé et dont on ne cesse d’ouvrir et fermer les portes plus ou moins délicatement, et poser des choses dessus).
Je tente un truc :
https://picasaweb.google.com/lh/photo/KYeufYr5Bde0USfVdumk_Ztp8bQ0Xc9SJyF4YThmoyE?feat=directlink
https://picasaweb.google.com/lh/photo/IT9il21THnZu9yyvhZKVEVlsUhZonbNNO5pK6xdH7_o?feat=directlink
Ah et au fait non, pas de produit anti-poussière… Il y en a ?
En revanche, j’ai verni le tuyau et les coudes en cuivre, pour éviter à ma fille de devoir sortir le Miror dans quelques mois…
Je reste bouche bée devant tes créations Val Làô, c’est superbe ! J’adore les détails de la lampe, l’alliance du cuivre et du ciment – quelle précision de conception, quelle réussite ! J’avais justement mis de côté des briques de jus et du cuivre pour tenter un vase dès que les gros travaux seront terminés.
C’est vrai que le béton ne pardonne pas, pas d’ajout ou d’enlèvement de matière facilement et le ponçage fait des nuages. Il existe des vernis spécifiques qui donnent au béton un aspect ciré ou des durcisseurs de surface pour améliorer la résistance aux chocs mais ils sont vendus en gros bidons.
On peut aussi jouer avec le béton imprimé, avec une texture brut de décoffrage en bois ou avec des motifs. Le résultat peut être bluffant.
Connais-tu ce blog, qui présente d’incroyables DIY à partir de béton : http://homemade-modern.com/ ?
Oh Merci Daphné ! Oui en effet, j’ai pensé aussi à faire des objets « texturés »,
Je vais aller voir le blog, merci !
Ce blog propose des choses assez dingues, comme la suspension béton imprimée melon. Plutôt complexe, et en anglais, mais ça me donne envie d’aller plus loin avec cette matière.
Ah la laa oui ! quelle belle découverte que ce blog ! Merci ! Certains projets sont assez fous.
Le truc avec les projets de déco en béton, c’est que tu passes vite pour une psychopathe au supermarché : tout emballage est potentiellement un moule… Donc, tu as vite fait de tourner et retourner la moindre bouteille dans tous les sens pour en apprécier les proportions en fonction de ton projet !!! (Hier, trouvé merveille au rayon eaux : bouteille de Mont Roucous à facettes et resserrement charmant…) (je ne suis pas folle vous savez)
Effectivement, il y a quelques jours, le responsable d’un rayon de mon Rongeurama le plus proche m’a regardée fixement quand, tandis qu’il m’en m’en tendait un, je l’ai félicité pour le nouveau design des sceaux de chlore. Ce modèle de sceau, c’est quand même ma base pour faire des plots de clôture.
Mais c’est chez Ikea que je me régale vraiment – quand j’y vais, je me lance le défi de trouver un objet à détourner en moins de 20 min et 10 euros. J’ai quand même des circonstances atténuantes, un de mes rêves petites était d’aménager les appartements témoins des magasins.
Hahahaha !!! J’aime ta dinguerie !
17 février 2016 13 h 36 min
Salut Daphné,
Si mes souvenirs sont exacts (j’ai pas bétonné depuis quelques années, on partitionne : je ponce & j’enduis ou je suis au bureau…) : c’est beaucoup + simple de bétonner que de pâtisser (c’est pas au gramme ni au degré près…)
Et après ? Es-tu de la catégorie « fière comme si j’avais un bar-tabac » ou de celle « oui mais là, il y a 2 millimètres de dénivelé, tssssss » ???
C’est vrai Mélisse, beaucoup plus simple que de faire la tatouille, comme dit mon petit. Mais chuuut, faut pas trop le répéter, sinon on pourra plus se vanter.Avais-tu remarqué les 2 mm ?
Je dois être bipolaire – j’alterne les deux phases; il y a TOUJOURS 2 mm de dénivelé mais je deviens myope avec les années, ça aide un peu à accepter les choses comme elles sont.