Un jardin de garrigue au printemps
Mars et avril sont définitivement mes mois préférés au jardin. Moi qui ne rêve que de jardins anglais et n’envisage pas de partir chevaucher une licorne à paillettes avant d’avoir pris mon abonnement au RHS, je suis responsable d’un bout de garrigue pentue, calcaire, pierreuse et sèche à souhait.
Chênes verts, pins et arbousiers jaillissent des pierres et se disputent le moindre coin de ciel. Petit à petit, j’essaie de coopérer avec mon terrain et d’y faire des plantations adaptées au climat méditerranéen. Tout commença par de la maçonnerie, comme toujours. Mais une fois les restanques créées, j’ai enfin pu planter.
Ma bible, « Jardins de couleurs Méditérranéens », de Dominique de Nadaillac Leclef
Les plantes de mon jardin sont pour la plupart adaptées au climat. Elles résistent au vent, à la sécheresse et au froid, tapissent de vert et rafraîchissent notre été presque sans arrosage. Voici celles qui me réjouissent en ce début de printemps :
Euphorbe characias
L’euphorbe fait des merveilles dans la garrigue. Cette plante est intéressante toute l’année; ses tiges graphiques et son feuillage vert sombre illuminent l’hiver, tandis qu’elle resplendit au printemps, portant fièrement ses fruits, comme des milliers d’yeux grands ouverts. Elle se ressème toute seule pour partir coloniser mes pentes dénudées. J’ai planté de gros massifs d’euphorbes, l’impact visuel est impressionnant et le vert si tendre des fleurs est un vrai bonheur.
infos pratiques
- sol sec et pauvre
- résistant à la sécheresse comme au gel
- hauteur de 40 cm à 1 m
- floraison de mars à avril
Coronille
Coronille signifie « en couronne », comme le sont ses fleurs. Les coronilles étaient déjà bien implantées à notre arrivée. Depuis qu’on a débroussaillé notre terrain, elles poussent de plus belle et sont en pleine floraison. Ces grappes jaune vif sont spectaculaires et font une parfaite transition avec la nature autour. Attention, la coronille supporte assez mal la taille et son tronc peut facilement se briser ( j’ai réussi à en casser une ancienne en lui construisant un support en bois ).
- sol bien drainé
- résistant à la sécheresse comme au gel
- hauteur 1.5 m
- floraison en février – mars
Iris
L’iris est quand même l’incontournable de tout jardin provençal, Vincent ne ne démentira pas. Qui plus est, une fois la floraison finie, leurs feuilles graphiques forment de beaux talus qui s’animent quand le mistral pointe le bout de son nez. Et puis, iris & olivier vont si bien ensemble, ne trouvez-vous pas ?
Il faut juste penser a nettoyer fleurs fanées & feuilles mortes, et au fil des années vos iris se multiplieront, permettant de les replanter pour créer de nouveaux massifs.
- sol bien drainé
- résistant au gel
- hauteur 50 cm
- floraison habituellement en avril – mai
- mais depuis quelques années on les voit fleurir à partir de l’hiver
Ciste
Les fleurs de ciste, froissées, fragiles et fines comme du papier de soie, sont si éphémères. Frémissants au moindre souffle de vent, elles ne vivent qu’une poignée d’heures, puis laissent place à d’autres gros bourgeons duveteux. Par opposition à l’infinie délicatesse de ses fleurs, le ciste est un arbuste résistant, qui pousse au milieu des pierres, se contentant de peu de terre et d’eau. Attention, il a besoin d’être en plein soleil pour se développer et a besoin de temps pour pousser.
- sol sec et pauvre
- résistant à la sécheresse comme au gel
- hauteur de 50 cm à 1.5 m
- floraison de mars à avril
Romarin rampant
C’est un symbole de la cuisine provençale, au parfum puissant mais aussi une excellente plante de garrigue. J’ai planté des romarins rampants par dizaines. Merveilleux couvre-sols, ils s’étalent, colonisant murets, recoins et prévenant l’érosion des talus. Presque sans aucun entretien ni arrosage, ils tapissent avec humilité le sol, nous offrant au printemps une myriade de minuscules fleurs aux reflets bleutés. Saviez-vous que son huile essentielle est utilisée comme antiseptique depuis l’Antiquité ?
- sol sec et pauvre
- résistant à la sécheresse comme au gel
- hauteur de 20 cm à 50 m
- floraison de février à mai
Laurier-tin
Quand nous avons acheté ce bout de garrigue abandonné pour y construire notre maison, je n’ai d’abord su que faire de tous ces lauriers-tins chétifs qui poussaient serrés les uns contre les autres, en compétition pour survivre. Près de la porte d’entrée, au pied d’un vieux clapas, seuls les lauriers-tin poussent dans les éboulis de pierres. Je les ai fortement taillés puis, au fur et à mesure des repousses, donné une forme de boule. Ils sont maintenant superbes et forment une mer verte, ne nécessitant qu’une taille ponctuelle. Et depuis quelques semaines, leurs bouquets de fleurs blanches surgissent et illuminent le paysage.
- sol bien drainé
- résistant à la sécheresse et au gel, aime ombre ou soleil, bref, super facile à vivre
- hauteur de 2 m à 3 m sans taille
- floraison de mars à avril
Je suis loin d’être Gilles Clément mais j’aime passer du temps dans mon jardin et il me le rend au centuple. En s’adaptant au sol et au climat, en respectant la nature sauvage de la garrigue, on peut créer un jardin simple mais apaisant, qui se renouvelle au fil des saisons et ne nécessite que peu d’arrosage. Aimeriez-vous poursuivre cette balade au jardin en ma compagnie à la fin du printemps ?
Et vous, quelles sont les plantes stars de votre jardin en ce moment ?
This post was written by Daphne
18 Commentaires
30 mars 2016 9 h 53 min
Ah, la garrigue ! Bon, je connais plus le maquis corse (n’en déduis pas que je dois me cacher à l’ombre…) et ses odeurs d’immortelle sublimées par le soleil. Chez moi, les iris ont la vie belle, et je désespère de voir un jour des pivoines. Depuis cinq ans, j’ai eu des tiges, des feuilles, des tiges, des feuilles….et c’est tout !
Le parfum entêtant de l’immortelle et du maquis mélangés à l’odeur de l’iode, du bonheur plein les narines.
Les pivoines sont mes fleurs préférées, quel joie de voir ces bourgeons s’ouvrir pour révéler la plus charnue et parfumée des fleurs. Mais pourquoi certains leur préfèrent-ils les roses ?
Après bien des essais infructueux, j’ai dû me rendre à l’évidence – la pivoine ne souffre pas ma garrigue.
Persévère Mila, fais lui éventuellement un peu d’ombre et rajoute-lui un peu de terre de bruyère ; l’année prochaine tu devrais avoir au moins une belle fleur !!!! Si ça pousse dans notre garrigue nîmoise, je ne vois pas pourquoi le maquis corse ferait de la résistance à cette merveille !!!!!!
Merci pour ces conseils ! Le maquis est (hélas ) seulement réservé aux vacances sinon je suis dans le Val de Loire…raison de plus pour que ça fonctionne !
30 mars 2016 12 h 56 min
J’arrive ici par le biais de « Ritalechat » et j’y trouve les belles plantes de mon jardin; ici mes références sont « pour un jardin sans arrosage » et mon pépiniériste docteur ès plantes de jardin sec! La coronille, le Kéria et le jasmin jaune illuminent le jardin et bientôt l’arbre de judée! Il ne manque que l’odeur à travers l’écran!
Oh oui, les arbres de Judée sont extraordinaires à l’apogée de leur floraison. Fleurs violettes & jaunes se complètent si bien en une explosion de couleurs en ce moment. Je me suis retenue de rajouter la merveilleuse corête du Japon, pour la garder pour des photos de fin de printemps. C’est une très jolie alternative aux rosiers et pivoines par ici.
Vouiiiiiii le jasmin (bientôt en fleur chez moi mais blanc et son odeur entêtante, et le chèvrefeuille aussi).
Quelle chance d’avoir un arbre de judée, j’adore !
Ah, l’odeur du chèvrefeuille et du jasmin qui embaument la terrasse dès le réveil, quel pur bonheur !
Et les lourdes grappes de glycine qui annoncent l’été, offrant un abri pour s’y réfugier dessous.
31 mars 2016 7 h 58 min
Dans mes bras Daphné !!!!!!!!! La pivoine est MA fleur préférée que j’aime d’amour et suivent de trèèèèèès près le camélia et l’hortensia. (Des fleurs typiques de par chez nous isn’t it ?!!!!!!! ;-) ) La ciste fait partie de mon projet d’achat de cette année (re dans mes bras !!!!!!!).
Et pas de photo du mur de clapas ? C’est pourtant typique de chez nous et très particulier ; AAAAH les galopades sur les clapas effondrés pour traverser la garrigue et passer de maset en maset !!! (Seuls quelques initiés savent y courir sans démolir et faire tomber les pierres !) Merci pour le rappel de ces souvenirs d’enfance :-) D’ailleurs, la description de ton bout de garrigue (jardin !!!) fait penser à la végétation plantée par les masetiers nîmois (le maset est typique de Nîmes, et les jardins de maset ont une histoire ancienne qui remonte au XIXème siècle si mes souvenirs sont exacts). Je n’ai malheureusement pas de clapas dans mon jardin :-( mais j’ai essayé de recréer une mini ambiance maset avec les moyens du bord et notamment une tonnelle sur laquelle s’épanouit le rosier pompon, sans oublier le lilas, les iris. Quant à mon arbousier, arbre typique également du maset, je l’avais en pot et il n’a pas résisté à l’été dernier !!!!
Je suis intarissable sur le « maset » donc je m’arrête là, mais l’entretien de « notre » garrigue provoque un grand escagassage et à une certaine époque, tout masetier rentrait chez lui le dimanche soir complètement escagassé !!!!!!!!
Bonne journée
Un bouton de pivoine qui s’ouvre, c’est toute la beauté du monde qui se révèle : https://goo.gl/sn4BLf
Tu sais, j’ai, en partie craqué pour mon coin de garrigue à cause du clapas effondré à l’entrée, qui a longtemps servi de chemin de fer imaginaire à mon grand. J’aurais adoré avoir la capitelle qui va avec…mais il y a un un maset abandonné en bas de chez nous qui sert de cachette.
Des arbousiers, j’en ai a foison mais j’attends l’automne pour les mettre à l’honneur par ici ( leurs fruits commencent déjà à grossir pour être mûrs en octobre, c’est assez incroyable à voir ).
Oh oui, ces terres de garrigue sont dures à travailler, j’ai toujours l’impression qu’une fois sorties, le tas de pierres est plus gros que le trou creusé.
31 mars 2016 9 h 35 min
Le domaine où je suis nulle et archi-nulle : le jardin et le jardinage. Je dis toujours que je déteste jardiner. La vérité, c’est que je déteste m’y mettre, mais qu’une fois que j’y suis, si je suis accompagnée, je peux y prendre du plaisir.
Le fait est que je n’y connais rien de rien de rien. Mais je m’en fous un peu à vrai dire.
Nous avons un grand terrain de 2.500 m², plutôt en pente, au sommet d’une colline. « Nous » (« nous » = mon homme, qui plante où je dis de planter) avons beaucoup planté en 3 ans, des fruitiers, des arbres décoratifs, de tout. On a quelques fleurs aussi, des buissons, etc. Nos 3 pieds de pivoine n’ont pas donné une seule fleur encore… C’est leur 3e printemps, mais je ne les sens pas plus gaillards que les précédents, et je suis très frustrée : j’adore aussi les pivoines !
Bref, au jardin, c’est surtout mon homme qui s’y colle, je n’ai par exemple jamais tondu depuis qu’on est dans cette maison. Remarque, c’est plutôt pelé pour l’instant… Il avait tout bien retourné la terre avec une herse et un tracteur prêtés par un voisin, mais il a été chiche sur la quantité de semis d’herbe… Donc c’est moche, mais moche, mooooche ! Il s’évertue à me dire que si, ça va pousser, mais ce que je vois moi, c’est qu’il y a de gros trous terreux et ailleurs, des trucs bizarres et vilains qui poussent en vrac.
Terre argileuse ici, pas facile.
Avant, on louait une maison dans la vallée, avec une terre magique et noire, où tout poussait. J’avais installé un petit potager (oui, ça, je l’avais fait moi-même, managée par un petit papi voisin) et malgré mon niveau zéro de connaissances, tout venait à foison. Une fois, j’avais même perdu une graine de courge en la faisant tomber, 5 jours plus tard, je le retrouvais : la graine avait déjà donné des feuilles ! Une fois, le petit papi m’avait montré comment retirer les « gourmands » des pieds de tomate. Le week-end suivant, j’ai passé deux heures à enlever tous les gourmands de mes 10 pieds de tomates. Des brouettes ! Quand mon petit papi est venu faire son inspection, il me dit : « mais pourquoi vous avez retiré les feuilles des pieds de tomates ? »… Fou-rire, fou-rire… Cela n’a pas empêché les tomates de pousser comme des dingues. Une année, on a eu tellement de tomates-cerises qu’on a dû en faire des coulis ! (si on avait dû faire assez d’apéro pour les écouler, on aurait fini alcoolo…) Mais j’adorais regarder pousser les fleurs de courgettes, qui s’avéraient ensuite être des aubergines… Oui, je sais.
Je n’ai toujours pas réinstallé de potager dans notre nouvelle maison. Mon voisin maraîcher bio subvient très bien à nos besoins, je trouve ;-) Je me contente pour l’instant d’un très très grand bac à aromates, fait à partir de chutes de bois de notre maison, et ça me va très bien.
Tu parles de romarin : un de mes aromates préféré (avec l’estragon). As-tu essayé d’utiliser des branches de romarin comme des piques à brochettes pour alterner des boules de melon et des lamelles fines de jambon sec ? Rien que d’en parler, j’en ai l’eau à la bouche. Laisser le melon et le jambon se parfumer du romarin pendant une petite 1/2h avant de déguster. Tu m’en diras des nouvelles.
Mais qui ne pourrait aimer pivoines et chocolat ?
Un terrain en pente, c’est tellement de boulot à aménager mais les perspectives sont toujours magnifiques. Je dois avouer que je ne suis pas non plus très bonne côté jardinage, j’essaie juste de valoriser la garrigue qui nous entoure. J’échangerais volontiers mon terrain calcaire et pierreux contre un peu d’argile et d’eau. Par contre, côté débroussaillage et arrachage de salsepareilles, je laisse faire mon homme, l’essence n’est pas mon parfum préféré.
Quand au potager, je l’ai construit mais c’est le domaine réservé de mon chéri et de Virgile. Ce week-end, c’est le marché aux plantes bio de l’école, on a déjà commandé nos plants de tomates et aromates.
Quelle merveilleuse idée, ces brochettes ! Je dois tailler quelques romarins, je vais précieusement conserver des branches pour tester cet été. Et ce week-end on se met aux fourneaux pour tester la recette que tu nous as envoyée ;-)
31 mars 2016 11 h 53 min
Ah mais tu peux aussi le faire avec du romarin frais ! Voici une photo que j’ai prise l’été 2014, été où on a mangé ça à tous les repas, je pense ;-) (et avec le jambon de notre cochon !)
https://picasaweb.google.com/lh/photo/iXulUSTB782u6h7zOaGc1NSpZPqkM_vV2cUtXHAjHXk?feat=directlink
Hâte de voir ta version de ma recette ;-)
Arrête Val Làô, je pourrais lécher l’écran – mais quelle sublime photo ! Rien que les couleurs et textures sont déjà un délice. Du coup, je vais laisser mes romarins en paix pour l’instant et tenter ta sublime idée cet été. Pourrais-tu me réconcilier avec la canicule ?
31 mars 2016 13 h 32 min
Oh la la je suis une quiche en jardinage, je n’y connais rien du tout. Nous avons un tout pitit pitit jardin mais il n’est pas assez fourni à mon goût. J’ai bien demandé à Stéphane Marie de venir m’aider mais je n’ai pas eu de réponse… Je vais retenter ma chance cette année tiens!
Quel homme charmant, quelle fantaisie, quel coup de crayon et de pioche pour sublimer un jardin. Quand je pense que les anglais ont des émissions de jardinage à foison et que « Silence, ça pousse » est la seule ici. Mais j’aime bien Noëlle Bréham aussi, dont les « Petits Bateaux » ont bercé l’enfance de mon grand.
1 avril 2016 11 h 59 min
J’adore!!! C’est mon rêve, d’avoir un petit bout de jardin à cultiver ! (Mais plus tard hein, j’ai entendu dire que Manhattan et jardin ne faisaient pas bon ménage !) ;) bises,
Amy
Comment ça, votre nouvel appartement ne dispose pas d’un rooftop avec potager privatif ?
Pas de verdure, c’est vite dit – tu sais, tu vis quand même au cœur d’une grosse pomme.
Bon week-end !