Daphné be frenchie

Glenn Gould et moi

De la déception parentale

Je crois avoir toujours été source de déception pour mes parents. Mais après tout, comment aurait-il pu en être autrement ?

Mon père était une sorte de professeur Tournesol belge incollable sur les sciences, la musique classique, alpiniste chevronné et orateur hors pair. Qui se désespérait de me voir caler devant une simple équation, un baudrier ou une piste noire ( notez que j’ai quand même tenté d’en descendre en chasse-neige pour lui faire plaisir ).

Ma mère, élégante en toutes circonstances, qui maitrisait l’art de la dentelle et des smocks, créant des pièces excessivement raffinées. Mais je voyais bien son regard désapprobateur devant mon apparence gauche et boudinée dans les belles robes qu’elle cousait.

Il faut l’admettre : aucune de leurs propositions n’a rencontré le moindre succès. J’étais nulle en ski, tennis, incapable de jouer du violon ou faire des claquettes ( ni de la dentelle d’ailleurs ). Je ne comprenais rien à l’allemand ou à la mécanique des fluides et n’étais pas franchement émue en écoutant les variations Goldberg par Glenn Gould.

Comment être à la hauteur ?

Je ne sais même pas comment j’aurais pu être à la hauteur de leurs attentes. Alors j’ai passé la majeure partie de mon enfance à rêver, développer un univers où je sois enfin moi. Pas juste celle qui s’ennuie dans les concerts de musique classique, baisse la tête en attendant la fin des interminables repas dans les restaurants gastronomiques soigneusement choisis, boude chez Jacadi et sent une boule monter dans sa gorge devant ses cahiers de maths.

Me créer une bulle dans laquelle je sois libre d’explorer ces trucs qui me plaisent à moi, même s’ils ne seront jamais à la hauteur des espoirs déçus de mes parents. Des cahiers remplis de dessins, maisons en Lego inlassablement reconstruites, catalogues Ikea annotés ( quoique j’admets avec du recul que ce puisse être légèrement déconcertant de retrouver une gamine passant ses après-midi entiers à comparer les mérites de Billy et Ivar ).

J’étais une vraie déception ambulante – et selon ces critères-là , je le suis sans doute encore plus aujourd’hui. T’imagine un peu ? Je suis toujours aussi ronde, écoute Philippe Katerine à fond en chantant à tue-tête, suis presque chaque jour en baskets, pas maquillée ni coiffée, et ne sais même pas comment calculer de tête la circonférence d’un cercle ( au fait – tu sais, toi ? ).

être à la hauteur

Et si j’essayais d’être moi ?

Mais de toute façon mon père n’est plus là pour voir ça, et ma mère est sortie de ma vie quand j’étais enfant. Alors comme je n’avais personne à décevoir, j’ai essayé d’être moi. J’ai bricolé des trucs qui me plaisaient, écouté la musique que je voulais, lu des livres pas sérieux du tout, fait des pique-niques de trucs absolument pas gastronomiques, laissé mes cheveux ébouriffés et j’ai prononcé plein de gros mots. Et ça m’a plu. Alors j’ai recommencé autant que je le voulais.

Certes, je ne serai jamais à la hauteur des ambitions que mes parents avaient pour moi. Mais je suis heureuse, et même si dessiner un calendrier de l’Avent ou construire un escalier en béton n’était sûrement pas ce qu’ils rêvaient de voir leur fille faire, et bien moi ça me comble. Et pour moi c’est tout ce compte aujourd’hui.

Je ne suis pas scientifique, ne comptez pas sur moi pour animer une soirée musicologie ou dégustation de grands crus. Et je crains que vos doigts n’en ressortent pas indemnes si je vous fais une démonstration de smocks ( quand à vous envoyer malencontreusement un fuseau sur la tête en faisant de la dentelle, l’expérience prouve que j’en suis parfaitement capable ).

écouter cette petite voix

Mais je m’applique à concrétiser aussi sérieusement que possible toutes les idées loufoques qui me passent par la tête. Si une idée me parait complètement barrée, je fonce : maintenant j’ai décidé de toujours écouter cette petite voix, celle qui me souffle d’oser être moi, sans chercher à plaire à qui que ce soit.

Notre monde est déjà bien assez rempli de gens sérieux qui ont des choses importantes à faire et font sentir aux autres à quel point ils sont nuls. Et si on faisait un pas de côté, si on osait faire ce qui nous plait vraiment, qu’est-ce qui se passerait ? Le seul risque que je vois, c’est qu’on pourrait enfin s’autoriser à être heureux. Et ça pourrait bien être contagieux.


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80 Commentaires

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Hélène
Hélène

3 décembre 2018 7 h 42 min

Je me retrouve dans ce que tu dis pour des raisons différentes.Mon papa n’est plus de ce monde. J’ai toujours ma maman, mais on ne s’entend pas vraiment. Plus les années passent, plus les relations se tendent. J’ai toujours cette impression d’avoir ce poids de la culpabilité et même quand je lui dis merde quand elle me fait un reproche, je culpabilise tout de même. Ce week-end j’ai eu 40 ans et je me suis fait la réflexion que c’était un bel âge (même si c’est un cap que je n’avais pas envie de passer comme la majorité des gens… Vive la psychologie des chiffres!!!). En effet, j’assume plus mes défauts (même si j’ai encore un peu de boulot de ce côté là), j’écoute les paroles positives de mon entourage pour savoir qui je suis et surtout je reconnais la chance que j’ai d’être en vie. Il y en a marre des critiques des gens encore plus quand ce sont celles de nos parents. Par rapport à ce que j’ai reçu, j’essaie d’être différente pour mes enfants. Je sais très bien que je fais des erreurs, mais je tente de les corriger (et non, je ne suis pas une maman parfaite).
J’adopte le même art de vivre que toi: être heureuse!! Et faire ce qui nous plaît quand ça nous chante et les autres, qu’ils aillent voir ailleurs si nous y sommes (je reste polie mais je n’en pense pas moins). D’ailleurs, j’adore toutes tes créations, j’aime te lire ou te voir chanter car tu transmets du positif. Bref tu fais partie de mes petites bulles de bonheur hebdomadaire. Tu ne peux peut-être pas animer une soirée dégustation de grands crus (moi non plus d’ailleurs) mais tu pourrais animer des ateliers diy,
Soyons nous-même, soyons heureux et rendons heureux les gens que nous aimons!
Je te souhaite une très belle semaine Daphné.

Jo Ridee rieuse

3 décembre 2018 8 h 47 min

Daphné, je le connais bien ce sentiment de ne pas être à sa place. Chez mes parents, c’était le contraire. Je viens d’un milieu paysan où seul le travail comptait. Pas de livres (perte de temps), pas de loisirs, pas de sorties.
Je n’aimais pas la ferme et j’ai trouvé une parade : des allergies. Oui, mon corps m’a aidé. Au contact du foin et des animaux, crise d’asthme assurée.
J’ai trouvé mon bonheur à l’école (livres et copines). Pendant les vacances, j’avais, autour de moi, des petits parisiens qui venaient chez leurs grands-parents, c’était top pour découvrir de nouveaux jouets.
A 18 ans, j’étais ‘communiste’, Petite erreur de jeunesse. Mes parents étaient dépités.
Ils sont âgés mais ils économisent encore, un sou est un sou !
On ne se comprend pas, mais ce n’est pas si grave, ils gardent leurs idées et je leur parle très peu des miennes. Si, comme toi, je fais un pas de côté, ils ne le savent pas et c’est très bien comme ça.
Je crois, que toutes les deux, nous avons coupé le cordon un peu tôt mais ça nous donne plus de force.

Philéas
Administrateur

3 décembre 2018 10 h 51 min

Je t’informe juste que le rayon d’un cercle se calcule avec πR/2 où R représente de le rayon (a partir du centre jusqu’au extrémités) du cercle

Val Lao sur la Colline

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Philéas


3 décembre 2018 11 h 23 min

Hahaha !!!
Hé oh Phileas, je te ferais remarquer que ta mère n’a pas écrit qu’elle ne savait pas calculer la circonférence d’un cercle, elle a écrit qu’elle ne savait pas calculer la circonférence d’un cercle DE TÊTE ! Non mais !

Banane
Banane

3 décembre 2018 10 h 54 min

J’admire ta liberté. Je ne sais pas quand tu as réussi à t’éloigner de tout ça, mais c’est fort. Il y a de quoi être très fière de toi.
J’ai choisi (enfin, est-ce qu’on choisit vraiment à cet âge-là??) de construire ma vie pour être bien sûre de ne jamais décevoir et c’est hyper lourd à porter. Je commence juste à me libérer un peu du poids que je fais peser sur mes épaules, à presque 40 ans et après des années de psy, il serait temps.

Céline
Céline

3 décembre 2018 10 h 57 min

Ho merci pour ce beau texte et surtout d’être toi, c’est comme ça qu’on t’aime ❤

Wafa
Wafa

3 décembre 2018 11 h 08 min

Bravo pour ce joli partage. Tu t’en sors très bien. Se libérer et être soi quelle victoire

Domilab
Domilab

3 décembre 2018 11 h 12 min

Bonjour Daphné je te suis presque exclusivement sur Instagram mais ton poste sur Instagram m’a intrigué alors me voilà ici. Ton texte est magnifique je suis maman de trois grands enfants et mamie (?un petit-fils de 10 ans et un bébé à naitre en juin) je me suis posée beaucoup de questions en élevant mes enfants et bien sûr il y a des mots, des gestes que je ne dirai plus. Mais j’ai Toujours cherché à les encourager, les soutenir, les valoriser. Ce qui est difficile c’ Là où les blessures que nous gardons au fond de nos cœurs en tant qu’enfant. Mes parents n’ont pas vraiment eu confiance en moi et encore maintenant j’ai droit à des réflexions. La différence c’Est que maintenant ( j’ai 58 ans ouf!!!) j’arrIve à ce que ça ne me touche plus. belle journée à toi et bravo pour ta joie de vivre et le partage de ton univers

Claire
Claire

3 décembre 2018 11 h 16 min

Ah mais pour construire un escalier ou bricoler comme tu le fais, il faut être forte en maths!!! ;-)
Tu as un paquet de chouettes cordes à ton arc en tous cas, et une sacré personnalité!

Claire
Claire

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Daphné


3 décembre 2018 12 h 06 min

Excellent!
Cela prouve qui’il n’y a pas une façon unique de faire les choses, et qu’il est plus important d’apprendre à réfléchir qu’ingurgiter des connaissances pré mâchées… Faire à SA façon! :-)

Val Lao sur la Colline

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Daphné


4 décembre 2018 9 h 03 min

Je trouve que l’image « marche après marche » pour avancer plus loin s’applique à plein de niveaux !

Val Lao sur la Colline

3 décembre 2018 11 h 32 min

Ce que tu dis est très émouvant, très fort, très dur, et oui, tu as bien eu raison de suivre ta propre voie, parce qu’elle est magnifique.
Cela me serre le cœur de penser à l’enfance que tu as eue, qu’il doit être compliqué de grandir dans un tel environnement…
L’important, c’est que tu te sois émancipée de tout cela, tu peux carrément être fière de tout ce que tu fais aujourd’hui et de l’équilibre que tu as réussi à trouver, de ce que tu offres à tes enfants.

Val Lao sur la Colline

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Daphné


4 décembre 2018 9 h 06 min

Ah c’est marrant, je ne m’étais pas posé la question du niveau de confort matériel. Mais pour le reste oui, je comprends ce que tu veux dire. Il n’empêche que ce que tu exprimes ici est un pan bien réel de tes ressentis…

Juliette

3 décembre 2018 11 h 35 min

Il est très joli ton article.
Moi je te trouve tellement lumineuse et audacieuse.
Ton écriture me ravit.
Tu as bien fait de suivre ton chemin.
Tes mots résonnent en moi, non pas me concernant; mes parents ont toujours été suffisamment fières de moi mais mon mari est une déception énorme pour ses parents et c’est assez terrible d’en voir les répercussions même à 40 ans…
On va essayer de faire mieux qu’eux et juste de les guider sur LEURS chemins.

Solène
Solène

3 décembre 2018 11 h 38 min

Bonjour Daphné,
Ton article amène une réflexion vraiment intéressante. À 25 ans je commence enfin à remettre ma vie et notamment mon comportement et mes décisions en question. Autant dire que ça fait assez peur de se rendre compte à quel point j’ai pu agir pour faire plaisir, pour rendre fier, calquer ma façon d’être sur celle de mes parents au lieu de me bâtir ma propre personnalité. C’est pas facile de réaliser tout ça parce que je me dis que j’ai passé tellement d’année à être quelqu’un d’autre sans réagir. Maintenant l’envol est difficile mais au moins, contrairement à avant, je commence à le concevoir !

CAMP
CAMP

3 décembre 2018 11 h 42 min

Bravo, Avec les 2 mains.

Joe and Mo
Joe and Mo

3 décembre 2018 11 h 49 min

Mon papa me disait quand j’étais petite: « fais les choses qui te plaisent , et tu seras heureuse et c’est le plus important ». Le meilleur conseil que j’ai pu recevoir et que je répèterai à mon fils.

Merci pour cet article.

Ophélie

Maison fleurie
Maison fleurie

3 décembre 2018 11 h 54 min

Bonjour
Ton art me touche. Mes parents n ont jamais été ainsi …mais ma mère m a toujours dit qu elle aurait été mieux sans nous les enfants…nous qui étions responsables de sa non vie parfaite. J ai mis 35 ans à comprendre que je n y etait pour rien ..que les mots violents dont elle nous innondait étaient fruit de sa frustration. Alors ma fille est le fruit de l amour la voir grandir évoluée à son. Rythme devenir une adulte responsable une citoyenne engagée une femme qui s assume est ma plus grande fierté. Peu importe ce qu elle fera du moment qu elle est heureuse et épanouie. Moi je le suis devenue tard grâce à mon mari qui m a donné l opportunité de faire ce que je voulais sans contrainte..Tu es aussi belle intelligente douée dévouée aimante …la mère parfaite est un mythe.l enfant parfait est un mythe l Homme heureux une consécration et un vrai trésor dans ce monde du paraître et du virtuel. Continue ainsi bonne journée…

isabelle
isabelle

3 décembre 2018 12 h 16 min

A 40 ou 45 ans (ou même avant!), il faut enfin savoir ce que l’on vaut et arrêter d’attendre l’approbation de nos parents comme quand on avait 10 ans… Les filles, il faut couper le cordon invisible qui nous relie à nos parents – ceci n’excluant pas de continuer à les aimer mais de façon adulte!

Alexandra Georger

3 décembre 2018 12 h 34 min

Rahhh tellement de choses à répondre !! Pour rester synthétique et ne pas embolliser toute ta journée à lire mon commentaire,je dirais que les parents sont bien exigeants envers leurs enfants mais ne le sont pas avec eux même !!personnellement j’en suis arrivée à un tel niveau de déception que je ne me formalise plus de savoir ce que les miens pense de moi ! En tous cas ton esprit s’est construit de manière fort agréable pour les autres tu es une véritable source d’inspiration pour mes projets ,j’essaie de profiter de tes partages et tes enfants ont l’air de bien rire au quotidien, j’espère que les miens en font autant ! Je dirais pour conclure que d’avoir eu une enfance difficile est aussi constructif pour déterminer ce que l’on veut et ne veut pas et chercher les moyens d’y parvenir !bisous virtuels mais réels ! Alexandra alias ephedrine512

Marjorie
Marjorie

3 décembre 2018 12 h 55 min

Merci, Daphné, pour ces jolis mots très personnels, et, en même temps, comme tu le dis, si universels…
Bien que je ne connaisse de toi que ce que je lis et vois ici et sur instagram, je me permets (en toute bienveillance, hein) de te dire que, tout de même, tout ce que tu bricoles, imagines, réalises, photographies, écris, tout cela est bien empreint d’élégance. Bien que les propositions de tes parents ne te correspondaient pas, tu as su en tirer une source de réflexion de recherche d’ailleurs, c’est un bel échappatoire que tu t’es créé :)
De mon côté, je ne peux pas dire que je me retrouve complètement dans tes mots, mais j’ai bien ressenti et je ressens toujours les attentes de mes parents. Pas si exigeantes que cela, mais bien présentes pour forger une partie de mon caractère, avec ce que cela comporte de nœuds au cerveau… Ce n’est pas tous les jours facile de s’accepter et d’assumer ses envies…j’y travaille doucement. Mais, ton article me fait aussi penser à quelle maman je souhaite être… encore des nœuds au cerveau :) , mais c’est tellement important de se remettre en question pour tâcher de faire du mieux que l’on peut.
Merci et belle journée à toi!

Marjorie
Marjorie

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Daphné


9 décembre 2018 21 h 51 min

Coeur avec les mains!

Fredix
Fredix

3 décembre 2018 13 h 01 min

Hou la, Tu appuies exactement là où c’est encore sensible ! Bien que j’ai presque 58 ans et que mes parents soient morts !
Pour ma mère, j’etais beaucoup moins bien que sa première fille mais elle m’a donné en deuxième prénom son prénom . Elle s’est suicidée à l’âge de 14 ans et d’après ma mère était parfaite et travaillait bien à l’école . Après le décès de ma mère j’ai retrouvé une valise avec ses cahiers d’école et je me suis rendue compte qu’elle était une petite fille normale. J’ai longtemps rêvé que j’avais tué quelqu’un et que j’avais pris sa place.
Pour mon père je n’étais pas le garçon qu’il aurait voulu mais m’a donné un prénom plus masculin que féminin.
Je me suis jamais sentie assez féminine pour ma mère ni assez masculin pour mon père.
Finalement, ce n’est qu’à leur décès que je leur ai pardonné et que je me suis pardonnée ! Quel gâchis !

Fredix
Fredix

3 décembre 2018 13 h 18 min

Comme Jo ridée rieuse, la lecture était considérée comme une perte de temps ! Je m’enfermais aux cabinets pendant des heures pour lire tranquillement !
Maintenant je lis toujours autant aux toilettes mais je ne suis plus constipée !

Christelle
Christelle

3 décembre 2018 14 h 04 min

Bonjour Daphné,
Je t’ai découverte sur IG. Et ton savoir et ta culture m’impressionnent grandement. Sans que jamais tu ne m’ennuies ou me fasses la morale. J’aime ta voix et ta manière de raconter des histoires.
Merci Daphné
Je te fais plein de gros becs.

Anne

3 décembre 2018 15 h 43 min

(C’est 2 pi R pour la circonférence ;-) )
On n’est jamais comme nos parents n’auraient imaginé. Moi, j’adore Glenn Gould, et les maths aussi, et les sciences en général, alors que là d’où je viens les filles font à manger et le ménage, elles encouragent les garçons au foot le dimanche… Et y’en a marre, dans un cas comme dans l’autre, de devoir s’excuser d’être différent (j’ai entendu ça dans mon village toute mon enfance « elle fait jamais comme les autres »)!
( et sinon, je ne sais pas me coiffer non plus… )

Linette

3 décembre 2018 16 h 48 min

Je me pose la question, aimer c’est être bienveillant avec ceux que l’on aime sinon ce n’est pas de l’amour, il me semble que vous avez manquez d’amour. Avez-vous des frères et soeurs si oui ont ils été a la même sauce ! J’ai eu la chance d’avoir des parents simples qui n’exigeaient rien d’extraordinaire de leur enfant, ils l’aimaient comme il était. Mon mari et moi avons voulu que nos fils reçoivent une bonne instruction (donné par leurs enseignants) mais nous ne faisions pas des clones de nous, juste des humains équilibrés ayant reçu notre amour inconditionnel. Déjà beau vous n’avez pas reproduit votre vécu vous avez cassé la chaine !!! Belle et bonne continuation.

Fabienne
Fabienne

3 décembre 2018 16 h 48 min

Alors moi c’est tout l’inverse, toute la famille a été comblée par ma venue, mes parents d’abord, deux bruns méridionaux qui ont eu la surprise de voir naître une petite blonde, à la peau laiteuse et aux yeux bleus, de surcroît, j’étais d’une sagesse exemplaire, je passais mon temps à dessiner en chantonnant, mes grands-parents, vieillissants, étaient ravis d’accueillir un nouvel petit-enfant à s’occuper, puisque les grands n’avaient désormais plus besoin d’eux, ils se sentaient à nouveau utiles, et me répétaient sans cesse que j’étais « leur bâton de vieillesse », quant à mes cousines, elles pouvaient jouer avec une poupée plus vraie que nature, en lisant vos différents témoignages, je mesure encore plus (bien que j’en sois déjà consciente) la chance que j’ai eu de grandir dans un environnement familial si aimant. Seul bémol, cela ne m’a pas vraiment armée pour affronter le monde extérieur…

Fanchette
Fanchette

3 décembre 2018 20 h 08 min

Hou lala quelle entrée en matière…
Ton histoire familiale a l’air assez triste. Et je suis contente de voir que tu sembles avoir réussi à dépasser tout ça. Moi c’est un peu l’inverse : j’aimerai bien que ma mère me lâche un peu la grappe des fois !!! Comme quoi on n’est jamais content avec ce qu’on a… Mais bref… n’ayant pas d’enfant, voilà une série de nœuds au cerveau que je ne me fais pas… Ouf…

Picou

3 décembre 2018 22 h 10 min

Super article et super choix de vie! Je confirme, cette petite voix dans ta tête arrive à parler même à d’autres que toi, et de la plus belle des manières, celle de la créativité et de l’intelligence, alors il serait bien dommage de la laisser se taire.

Mila
Mila

3 décembre 2018 22 h 12 min

Chaque post un peu plus permet de coller les morceaux d’une jolie mosaïque, Daphné. Tes enfants seront contents d’y puiser des ressources quand ils en auront besoin. Dans ce que tu décris de toi, tu es tes parents à l’envers, tes enfants te remettent à l’endroit. Et ensemble, vous êtes en équilibre, n’est-ce pas ?

Je t’embrasse

bobette
bobette

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Mila


3 décembre 2018 22 h 53 min

Oh c’est beau ce que tu dis Mila!!
Je ressens très fort cela moi, mes enfants m’ont remise à l’endroit…enfin presque…

Nell
Nell

4 décembre 2018 0 h 25 min

J.aime aussi beaucoup ce que dit Mila , tu es un bel exemple de résilience Daphné , tu as su trouver en toi les ressources pour te construire et ouvrir ta propre voie loin de celle que l’on attendait de toi ..Je comprends maintenant un peu mieux ton univers si foisonnant qui t.a été salutaire pour combler ce vide laissé par tes parents .Tu es vraiment une maman remarquable et tu offres des trésors à tes garçons ,s.ils n,en ont pas conscience maintenant ,ils t’en seront reconnaissants plus tard ..

melmelboo

4 décembre 2018 0 h 42 min

Il est émouvant cet article ! Et je suis bien contente pour toi que tu ais suivis ta propre route. Elle t’a visiblement menée sur le chemin du bonheur !

Estelle
Estelle

4 décembre 2018 9 h 33 min

Que tes mots sont jolis et ô combien j’admire la sérénité qui se dégage de ton article.
Je ne suis pas aussi sereine face à la déception causée à mes parents depuis déjà bien des années. Mais j’avance doucement vers le chemin de la liberté et je me sens bien plus épanouie en étant moi-même qu’en essayant de ressembler à ce que les autres attendent de moi.
Je me suis toujours promis que lorsque je serais moi même maman à mon tour, je n’aurais pas d’attente spécifique concernant mon enfant. Enfin, si, les attentes « de base » si j’ose dire : qu’il soit heureux, en bonne santé, qu’il arrive à se créer son propre monde, etc. Mais peu importe la direction qu’il choisira de suivre, je ne serais pas déçue mais heureuse de le voir s’accomplir.

bobette
bobette

4 décembre 2018 10 h 26 min

Je comprends mieux pourquoi toi aussi tu te réfugiais dans les livres… C’est vrai que C’est très compliqué d’évoquer des aspects de son enfance. On présente forcément une partie de la vérité. Et la vérité c’est en fait plein de petits bouts mis ensemble….

Moi non plus je ne saurai jamais ce que mon père pense de moi. La violence reçue petite côtoie cette marque d’amour gardée dans un carnet de petite fille: un dessin des shadocks, de mon papa, qui dit : Je t’aime ma chérie…ton papa. Preuve d’amour rarissime de lui.
Ma mère, c’est mon amour de 85 ans. Celle qui sait, celle qui s’est construite toute seule, en lisant énormément , elle à qui on a refusé les études parce qu’elle était une fille.
Je me suis construite adulte avec mes enfants .Je suis allée vers ce qui me faisait du bien, ce qui m’équilibrait, j’ai appris à gérer ses émotions et cette hypersensibilité étouffante parfois. Et j’ai eu cette chance de rencontrer un homme équilibrant et doux.
Toi, dans ce foisonnement créatif et cette folie douce, tu atteint l’équilibre et la joie de vivre et ça finalement, c’est l’essentiel. Ton papa alpiniste et musicien serait quand même fier de sa fille débordante d’énergie, si active , capable de franchir des sommets pour terminer un projet, emmener ses enfants au bout du monde, créer des fêtes d’anniversaire à l’imaginaire et la culture foisonnants, partager avec ses lectrices des lieux magiques . pardon pour ce com peut être pas très clair, je suis malade depuis quelques jours, mais je tenais à commenter.

Yanne
Yanne

4 décembre 2018 13 h 39 min

Quel beau partage et quelle confiance envers nous, tes amies de l’ombre !
Vois-tu, quoi que je fasse, ma mère était déçue ; quoi que je fasse, mon père était fier…
Ma mère ne supportait pas mon côté dévoreuse de vie qu’elle assimilait à de l’instabilité. Oui, j’ai joué du piano, de la flûte, de la guitare et j’entendrai toujours son froid « alors, c’est le chant, maintenant ? ». Chacune de mes annonces de grossesse a été accueillie avec un silence glacial. En encore, elle est morte avant la naissance des jumeaux, avant que je ne me mette au violoncelle et avant que je ne change radicalement d’orientation professionnelle à 40 ans ! Heureusement, j’étais la prunelle des yeux de mon père qui aurait enterré un cadavre pour moi ! Et je retrouve de temps en temps des cartes de ma mère qui montrent qu’elle m’aimait, malgré tout.
Cependant, mon « complexe de l’imposteur » vient de là, pas besoin de 10 ans de psychanalyse pour comprendre ça !
Alors oui, je peux chanter dans un choeur ou jouer dans un orchestre mais j’admire tellement tes compétences en béton, bois, plomberie, déco ! Ne laisse personne te dire que tu n’es pas à la hauteur. Tu n’es peut-être pas à la hauteur des ambitions de certains mais tu sais quoi ? Ce qui compte c’est que tu sois à la hauteur des tiennes ! Non mais oh !
(et j’ai lu des années à la lueur du couloir quand j’étais censée dormir… !)

isavoyage
isavoyage

4 décembre 2018 22 h 45 min

Merci Daphné, pour ce très bel article. J’aime ton écriture, j’aime ce que tu dis, j’aime ta générosité, ta force vitale. Je serais tellement comblée d’avoir une merveilleuse fille comme toi !

Cristina Rascona
Cristina Rascona

5 décembre 2018 10 h 13 min

Merci pour ce portrait de toi… Tes parents sont passés à côté de la fille super chouette que tu es. C’est dommage… tant pis pour eux…
J’ai de la peine pour la petite fille que a été. Comment en tant que parents peut-on être déçu par nos enfants.?? Notre but c’est de les accompagnés sur la voie qu’ils sont choisie et pas des les diriger vers ce qui nous fait vibrer nous…

Carole
Carole

6 décembre 2018 12 h 07 min

Quel récit….,eh bien, malgré toutes leurs immenses qualités, il a manqué à tes parents la clairvoyance : je ne passe ici que de temps en temps, mais j’ai cru voir en toi le côté touche-à-tout et la persévérance de ton père, et la créativité et le goût des choses bien faites de ta mère.
Le fond était donc peut-être sous leurs yeux, mais pas dans la forme qu’ils souhaitaient… C’est dommage d’être aveugle à ce point.
Mais leurs manquements, espoirs déçus et autres intolérances à ton égard sont probablement à l’origine de ton « arrachage » et ton dépassement de tout ceci…et le résultat est plutôt réussi, d’où je le vois ! Cela donne une belle personne, généreuse, bienveillante, empathique et positive…. Au final, on dirait que tu t’es surpassé, et tu les as de toute évidence surpassé…

Carole
Carole

6 décembre 2018 13 h 46 min

Je pense en effet que, même si c’est pas évident de prime abord, tes parents t’ont aussi donné du positif…
A partir de l’adolescence et jusqu’à un âge avancé (il y a 2 ans…sachant que j’en ai aujourd’hui 40!), je me suis construite sur une ambivalence « mère courage / père salopard ». Mon père étant décédé à mes 7 ans, quand l’adolescence s’est tapé l’incruste, j’aurais pu aller cracher sur sa tombe… n’étant pas trop chien fou, je me suis contentée d’en vouloir pendant des années à un fantôme, lui reprochant 1001 choses.
Et puis comme tu as écrit quelque part, la vie t’emmène là où tu n’aurais jamais cru… Il y a 2 ans, c’est ma fille aînée, alors âgée de 5 ans, qui m’a ramené sur la tombe de mon père. La claque. Ce manque de mon père était juste enfoui, mais bien plus présent que je n’aurais jamais imaginé, alors quand j’ai vu les débordements en moi, j’ai décidé de me faire aider. J’ai entendu parler de la sophro-analyse, une thérapie courte (1 an 1/2 – 2 max, et je ne voulais pas en prendre pour 10 ans sur un divan) on m’avait conseillé de visionner la présentation de Christine Louveau (la fondatrice) faite sur le salon Zen 2014 ou 2015 : la claque encore une fois, l’impression qu’elle s’adressait à moi…les mains moitent et qui tremblaient au bout de 5-6 min de visionnage. Ma dernière séance était en février dernier, je ne sais pas si j’ai véritablement fini cette thérapie (c’est plutôt la vie qui se chargera de la terminer), mais je peux te dire que ça m’a beaucoup aidé, aujourd’hui je suis plus en paix avec moi-même, ma fille, j’ai « pardonné » à mon père (à ma mère aussi, car l’un n’est jamais tout noir et l’autre tout blanc), ça a déplacé en bien les curseurs, on va dire.
Si jamais tu en ressens le besoin, je ne saurais que trop te conseiller cette technique. Il faut être accrochée, mais c’est hyper bénéfique.

Elen LE ROUX

6 décembre 2018 16 h 25 min

Et bien voilà un article qui délie les langues.. Nous sommes nombreuses (x) à nous retrouver dans tes lignes bien que les contextes soient différents. A 40 ans moi aussi, je cherche encore cette liberté. Le regard de mes parents impacte encore trop mes choix, c’est certain. D’ailleurs je dois reconnaître que une des raisons inavouées pour laquelle j’ai laissé « mourir » mon blog bien aimé, c’est que ma mère le lisait! J’en ai eu assez de m’autocensurer en permanence afin d’être sûre que rien de ce que j’y écrivais ne la froisse ou ne provoque un coup de fil pour glisser une phrase à propos d’un article du blog mal perçu ou pire… une faute d’orthographe (malheur!). Je rêve parfois ( souvent) de recommencer l’aventure en recréant un blog dont elle n’aurait pas l’adresse… j’espère bien que mes fils n’auront pas à s’autocensurer devant moi, ce serait bien triste..
Mention spéciale à Carole qui a su retrouver les qualités de tes parents chez toi. Je me disais justement que tu as su transformer l’essai en sublimant tout ça!

gwendoo
gwendoo

11 décembre 2018 11 h 24 min

bonjour Daphné…. quel témoignage émouvant!!! un cri du cœur où je me retrouve… moi, aussi, étant « seule » de parents, je comprends tellement bien ces ressentis….
bravo à toi pour ton blog, megaaasuperrrgénial!!!!!!!!! je le decouvre depuis peu (grace à mon amie delphine)) et j’aime beaucoup tout ce que tu y proposes…. mention spécial pour ta carte secrete de Londres!!!!
bonne continuation….

Nilaméchante
Nilaméchante

19 décembre 2018 19 h 38 min

Je crois que je vais imprimer ton texte et le garder dans ma poche. Il me semble que c’est ce à quoi je dois réfléchir en ce moment. cela tombe à point.
J’ajoute que j’adore ta façon de dire les choses et le foisonnement de tes mots sur ton blog et instagram. Tu es incroyable et ta personnalité éclate devant mes yeux. Bravo Daphné, continue à être qui tu es!