En préparant notre séjour, j’ai cherché des renseignements sur le ghetto de Cracovie. J’avais bien sûr vu des images poignantes dans la Liste de Schindler – ou Le pianiste ( qui parle de Varsovie – mais Polanski fut enfant dans le ghetto de Cracovie ). Je me demandais à quoi pouvait ressembler ce quartier aujourd’hui, 73 ans après le massacre de plus de 68 000 juifs de Cracovie .
le ghetto de Cracovie
La Pologne fut un des premiers pays envahis par l’Allemagne nazie et les persécutions y furent horribles. Alors que près d’un quart de la population de Cracovie était juive, ils furent contraints en 1941 de quitter leurs logements, souvent dans Kazimierz, le quartier juif historique de Cracovie, pour être enfermés dans Podgorze, un quartier réquisitionné de l’autre côté de la rivière.
Entassés dans quelques rues, les gens n’avaient plus que 2 m2 par personne pour survivre. Les seuls meubles qu’ils purent emporter furent une unique chaise par personne. Quand ils furent déportés vers les camps, leurs chaises restèrent. Aujourd’hui, sur la place centrale du ghetto, se dressent 68 sculptures de chaises vides, en souvenir des absents. Une vision déchirante.
Le ghetto de Cracovie aujourd’hui
Pourtant, la vie a repris dans le ghetto; l’étage au-dessus de la pharmacie de l’Aigle – où un pharmacien polonais entra en résistance pour sauver des vies – résonne de cris d’enfants. Au bout de la place, les bouquets d’un fleuriste débordent de sa boutique installée dans la porte d’entrée du ghetto. Il faut bien chercher pour trouver des traces du mur d’enceinte – détail horrible, les nazis l’avaient voulu surmonté de dômes, semblables aux tombes juives.
Les adresses branchées se multiplient à Podgorze, le quartier qui monte à Cracovie. Là un tatoueur côtoie un magasin design qui crée des objets inspirés de la période communiste, ici un bar propose des paleo smoothies. S’il n’y avait ces plaques qui rappellent ce qui s’est passé ici, ce quartier semblerait parfaitement banal.
Je suis restée curieuse dans ces rues où la vie semble aujourd’hui si paisible. Je sais bien que la vie doit reprendre, qu’on doit continuer à écrire l’histoire. N’empêche, je me demande comment on peut réussir a être heureux dans ces murs qui ont connu l’horreur absolue. Cette question me hante depuis notre retour et je n’ai toujours pas trouvé de réponse satisfaisante. Si ce n’est la résilience ?
Marcher dans l’histoire
Cracovie m’a bouleversée; ici à chaque coin de rue le futile côtoie le tragique. On a conclu notre séjour en visitant l’usine Oskar Schindler, qui se trouve à 5 min à pied de la place centrale du ghetto. Aujourd’hui transformée en musée, l’usine retrace l’histoire de Cracovie pendant l’occupation allemande. A la fin de la visite s’égrènent les noms des 1100 rescapés qui figurèrent sur la fameuse liste de Schindler. Tu sors de là en larmes ; t’as beau avoir vu des films, lu des livres, c’est impossible de réaliser réellement ce qui s’est passé ici. Et tu te dis qu’il faut vivre. Vivre en mémoire des absents, et surtout ne jamais oublier ce qui s’est passé.
Et toi, comment perpétues-tu cette mémoire ?
Ressens-tu le besoin de te rendre sur ces lieux chargés d’histoire ?
Vous avez été nombreux à me contacter à propos de Cracovie. Je vous prépare pour la fin de semaine un guide de voyage complet avec infos pratiques et bonnes adresses.
25 Commentaires
22 mai 2018 18 h 21 min
Je comprend tout à fait ton sentiment.
J’avais été très troublée lors de mon premier passage à Varsovie du peu de mémoire visible du ghetto. Je n’y suis pas retournée depuis 10-12 ans : peut-être cela a-t-il changé ? Il était question de faire quelque chose à l’endroit du départ des trains de déportation…
En tout cas, cette installation de chaises à Cracovie n’était pas non plus là quand j’ai visité la ville en 2002.
Pareil à Auschwitz : ça m’était incroyable/inimaginable de penser que des gens tout près de cet endroit d’une cruauté absolue avaient une existence normale, joyeuse, heureuse… Et pourtant si. Et sans doute tant mieux.
Il y a quelques temps je suis passée dans les environs de Verdun, pour la première fois. Là aussi le poids de l’histoire est si fort. Dans des hameaux, j’ai vu des mignonettes maisonnettes érigées à l’ombre de gigantesques monuments commémorant les milliers de morts de la bataille locale… Comment est-ce de vivre dans cette maison à l’ombre d’un si écrasant souvenir ?
La « célébration mémorielle » m’interroge. Je trouve tant d’émotion dans les cimetières militaires si anonymes où pourtant chaque croix est identifiée. Le monument cérémoniel doit-il est écrasant ou discret ? Comment porter le souvenir de ces événements avec la justesse nécessaire ?
Donc pour répondre à ta question : Oui et Oui, je perpétue et je me recueille sur ces lieux.
Et d’ailleurs je n’ai jamais été visiter les plages du débarquement de Normandie – c’est à mon programme : mais là aussi le choc doit être puissant : Pour moi Omaha Beach n’évoque rien d’autre qu’Omaha la Sanglante… mais sans doute y mange-t-on des glaces dans les cris d’enfant à Vierville-Plage en été non ?
Merci pour cette réflexion.
Oui, c’est un poids terrible que les nazis ont infligé à la Pologne – qui n’a eu que la malchance d’être située au mauvais endroit. Je n’ai pas voulu aller à Auschwitz avec Virgile, mais j’espère m’y rendre avec lui plus tard. Pourtant, il faut justement vivre là, faire acte de résilience, tout en honorant la mémoire des absents.
Je me souviens de mon dégoût en voyant Him de Catelan exposé dans le ghetto de Varsovie. Je me suis demandé ce que les familles de rescapés pouvaient bien penser de ça – cette idée de mettre en scène Hitler priant au milieu du ghetto me semble plus être un acte de com’ qu’avoir un réel sens artistique. Oui à la mémoire, mais dans le respect de la douleur intacte, 70 ans après. Et vive les glaces ! ;-)
22 mai 2018 22 h 44 min
Comme Fanchette, je me suis souvent demandé comment on « continue » dans une telle charge émotionnelle… je pense que les lieux gardent une mémoire et j’y suis très sensible… sans doute cela veut-il dire que la Vie est la plus forte ?
Nous avions été sur les plages du débarquement avec mon homme il y a bien longtemps. Tout près du bocage et des pommiers en fleurs, il y avait ces maisons du bord de mer auxquelles des blockhaus avaient servi de fondation, on s’était vraiment demandé comment c’était possible, face à la mémoire du carnage ? Sans doute l’urgence de la reconstruction d’après-guerre…
Ado, j’ai visité Berlin quelques mois avant que son mur ne tombe, avec ses stations de métro fantômes et son no man’s land entre deux murs, ses miradors armés… je me souviens de cette atmosphère lourde, étrange. J’ai encore ressenti ça à Beyrouth deux ans après la fin de la guerre, avec ce sentiment de gâchis terrible et cette volonté de se souvenir pour que jamais plus cela ne recommence. Raté pour le Liban…
Tu as raison Daphné, tu as beau avoir tout-lu-tout-vu-tout-entendu sur l’histoire, y ETRE c’est une autre dimension, bouleversante.
Je vis en Alsace et les lieux de mémoire abondent. Nous habitons à quelques kilomètres d’un grand site qui a abrité de terribles batailles. On s’y rend parfois, on en a toujours parlé à nos enfants (il faut dire que l’histoire particulière de ma région donne à chaque famille un malgré-nous, un enrôlé de force, un prisonnier de guerre et nous ne dérogeons pas à la règle…), et ce sont des sorties scolaires fréquentes. J’avoue que pour autant, je n’ai jamais eu le courage de me rendre au Struthof, mes fils y sont allés et j’en étais malade pour eux.
Oui, il faut se souvenir et oui, il faut vivre.
Oui Mim, je pense que dans l’urgence de la reconstruction, la vie a repris le dessus – et c’est tant mieux. Je ne sais pas quand les immeubles du ghetto de Cracovie ont été à nouveau habités, mais j’imagine que dans cette Pologne meurtrie par la guerre, puis enfermée sous le joug du communisme, on a juste fait comme on a pu. Et c’est essentiel de faire redonner vie à ces lieux, de prolonger l’histoire tout en respectant la mémoire – n’empêche, je me demande comment on peut puiser la force de rire dans ces chambres.
Après avoir lu ton commentaire, j’ai regardé quelques articles à propos du Struthof, que je connaissais très mal. Voilà, on croit toujours tenir l’horreur à distance en se disant que ça s’est passé ailleurs mais non, c’était ici aussi. Et on doit vivre avec – parce que le pire serait d’oublier ça.
23 mai 2018 7 h 29 min
Pour tout te dire, je suis allée plusieurs fois en Pologne, notamment parce que j’ai monté un échange avec mes élèves. Cracovie m’a touchée à chaque fois.
Et il y a un lieu fantastique où les collègues nous emmenaient faire une soirée, dans les bois, avec des cabanes en bois. Féérique.
Sauf que chaque fois qu’on y allait, je vomissais toute la nuit en rentrant. La 1ère fois, j’ai pensé intoxication. Donc les fois suivantes, je n’ai pas mangé.
Jusqu’à ce que je découvre que cette forêt avait été un lieu de pogrom. Je crois que je suis trop sensible (?) et que je percevais cette énergie là!
J’imagine Anne, que ce doit être tellement déstabilisant d’apprendre ça. C’est une chose de lire, voir des films ou entendre des témoignages de rescapés. Mais quand tu te rends sur les lieux de la barbarie, tout ce que tu sais s’efface et il ne reste que l’émotion.
23 mai 2018 9 h 16 min
Je crois qu’il FAUT vivre dans ces lieux-là, non pas pour effacer, ni pour oublier, mais parce que la vie doit reprendre le dessus, sinon il n’y en aura plus, de vie. C’est bien qu’il y ait des monuments, des installations comme ces chaises à Cracovie, pour se souvenir, mais ils doivent rester à part du reste.
Il y a ici dans les bois un lieu préservé, 2 fermes voisines utilisées par les résistants, où 76 d’entre eux, dont des adolescents ont trouvé la mort le 7 juillet 1944 suite à l’assaut d’un détachement de la Wehrmacht, Tout est resté en l’état, les véhicules brûlés, les casques, les bâtisses effondrées. Il y a un petit cimetière, et de grands arbres.
Chaque année en soirée, il y a une veillée, on y chante, et on se souvient aux lueurs des bougies. Nous y sommes allés avec les enfants. C’est très émouvant.
C’est justement ce qui m’a troublée Val Lao; la place principale du ghetto est redevenue la place du quartier, la fleuriste ouvre chaque jour ce qui fut la porte du ghetto pour installer ses plantes sur le trottoir, des gens rêvent d’avenir dans les chambres d’immeubles anciens. Et c’est essentiel de faire vivre ce quartier. Mais je me demande si je serais capable d’arriver à garder cette mémoire tout en goûtant au bonheur d’être là.
Je me souviens d’une plaque à l’entrée du ghetto de Cracovie qui citait les jeunes qui montèrent l’insurrection. Si je me souviens bien, il était écrit : « là où on est, on sait qu’il n’y a pas de retour possible. Aujourd’hui on ne se bat que pour 3 lignes dans un livre d’histoire, pour montrer que les juifs ne se sont pas laissés mener comme des moutons à l’abattoir. »
Et en dessous de ce texte, il était écrit : Ils méritent plus que 3 lignes dans un livre. Je veux croire que ces cris d’enfants qui résonnent sur cette place, c’est le plus bel hommage qu’on puisse leur rendre.
23 mai 2018 10 h 41 min
mes grands parents sont polonais, (de la région de Cracovie) arrivés en France dans les années 20, pour travailler et y vivre,
amis jamais je ne suis allée en Pologne, alors que je voyage beaucoup, je n’ai jamais été « attirée » par les pays de l’est..dont la Pologne
j’ai grandi en Lorraine, à quelques km de l’Allemagne, bien après la guerre, mais les horreurs étaient très présentes encore à cette époque.
Je suis secouée par ton article, j’aimerais beaucoup suivre tes traces, mais rien que l’idée d’aller voir les lieux de terreur et d’abomination me rend malade, mon coeur se soulève..je me suis promis d’y aller, oui je le ferai un jour..entendre le chant des partisans me fait pleurer de suite, alors voir les camps..au dessus de mes forces.
Le passé est derrière nous, c’est sûr, il ne faut rien oublier … pour que jamais on ne revive ces horreurs.
Mais vivons aussi et plus encore dans le présent.
Complexe..
J’ai la gorge serrée en te lisant Catherine – j’imagine que cette histoire familiale qui se mêle au destin d’un pays, ce doit être encore plus poignant. Je dois t’avouer m’être sentie mal à l’aise à Berlin, où les traces de Berlin Est sont bien plus présentes que celles de la guerre, dont il ne reste plus grand chose. Je me souviens notamment d’un réservoir d’eau dans Prenzlauer Berg qui fut utilisé par les Nazis comme lieu de torture et aujourd’hui transformé en loft de luxe. Comment est-ce possible ?
J’ai au contraire trouvé une grande douceur dans la façon dont Cracovie vit avec ce passé – tu vois, cette sculpture d’un homme en équilibre sur une chaise au milieu de la rivière, j’ai trouvé que c’était tellement juste par exemple. La Pologne se relève doucement, et ils ont aussi besoin du tourisme pour se développer et créer un avenir meilleur pour leurs enfants. En rentrant, je n’avais qu’une envie : préparer un guide de voyage sur Cracovie, pour montrer à quel point cette ville est belle et mérite le voyage – parce que marcher dans notre histoire, c’est essentiel pour préparer à nos enfants un avenir qui en vaille le coup.
23 mai 2018 18 h 53 min
Oui Daphné, cette sculpture est juste, comme le sont aussi ces chaises. L’art (tous les arts) est peut-être le moyen le plus doux d’évoquer ce passé si douloureux, en touchant au cœur.
Et puis Daphné, merci de partager tes voyages avec nous.
Bonne soirée.
Je ne sais pas à vrai dire Françoise si cette sculpture a réellement été posée-là pour représenter cette symbolique; c’est moi qui l’ai interprété ainsi. Elle fait partie d’un ensemble de sculptures aériennes sur le thème du cirque, de l’équilibre. Mais moi, je n’ai vue que celle-là. Oui, l’art console de tout, et permet de mettre à distance ce qui nous fait peur. Loin d’être futile, c’est essentiel.
23 mai 2018 21 h 39 min
J ai visite Cracovie il y a 12 ans avec ma mère qui a grandi à Cracovie. Elle et toute sa famille ont été cachés pendant 2ans et sauvés par des polonais â la campagne car mon grand père a refusé d’entrer dans le ghetto.
Ils ont eu beaucoup de chance de rencontrer ces personnes admirables qui ont reçu la Médaille des Justes parmi les nations.
Il y a 15 ans il y avait peu de traces de la vie juive d avant la guerre â Cracovie il fallait vraiment les chercher. La ville commençait sa rénovation, il y avait encore beaucoup de quartiers dans l ‘était pu le communisme l »avait laissé. Je j’ai ressenti comme toi les absents et les souffrances.
Tous les polonais n’ ont pas aidé les juifs au contraire bien qu’ ils aient aussi beaucoup souffert du nazisme.
Y a encore eu des pogroms après la guerre et c’est une des raisons pour laquelle mes parents qui se sont rencontrés en 45 à Cracovie ont quitté la Pologne pour la France.
Le communisme était l’autre raison.
J’aurais tant à raconter sur Cracovie et les juifs de Pologne….
24 mai 2018 9 h 13 min
J’ose à peine imaginer votre émotion en retournant ensemble à Cracovie, main dans la main. Ce que tu racontes est à peine imaginable. On le lit dans les livres d’histoire, certes, mais la parole de tes parents est un trésor qu’on doit chérir avant que ces voix ne s’éteignent – j’ai peur de la montée des extrémismes, j’ai peur qu’on oublie.
Oui, dans le musée installé dans l’usine Oskar Schindler, consacré à la Pologne sous l’occupation, rien n’est occulté. Ni ce qu’on subit les polonais, ni le fait que nombre de juifs ont aussi été assassinés par des polonais – et que certains se sont aussi comportés en héros.
Puis-je te demander; est-ce que tes parents ont pu faire enregistrer leur parole pour en garder des traces ?
Mon père, décédé, aujourd’hui a été filmé et enregistré par la Fondation de Steven Spilberg qui a recueilli de nombreux témoignages dans le monde entier.
Il sont au Mémorail de Yad Vashen à Jérusalem et bien sur nous an avons une cassette devenue DVD.
Ma mère a toujours été plus réservée, mais il y a 2 ans ma nièce, édifice, a réussi à la faire raconter sa vie et en a fait un très bel ouvrage avec de nombreux photos et documents qui reprend aussi la vie de mon père.
C ‘est précieux, d’autant plus que ma mère qui à 95 ans commence à s’éloigner …
Elle a raconté des choses à ma nièce qu’elle n’avait jamais dit à ses propres enfants, il faut dire aussi qu’on n’a pas beaucoup demandé,.
Mais les parents ne peuvent pas raconter à leurs enfants les horreurs qu’ils ont vécues,et les survivants souvent ne voulaient qu’avancer et reconstruire , comme une revanche.
Pas tous y sont parvenus.
Je connais des familles ou 3 générations sont traumatisées.
Et que dire des enfants cachés, orphelins à la fin de la guerre.
Merci de lire mes tartines.
J’imagine que ce doit être compliqué d’en parler à ses enfants – c’est quand même un sacré héritage à laisser et ce doit être difficile de trouver les mots justes avec ceux qu’on aime. Oui, je suis toujours étonnée qu’on coupe l’histoire au moment où les survivants rentrent ; ce qui se passe après est tout aussi essentiel pourtant, et on en parle pourtant si peu.
Je n’aurais jamais imaginé qu’un simple blog puisse mener à des échanges aussi riches – merci pour ta confiance Nan. Avec tes mots, tu donnes du sens à ce petit projet. Rien que pour ça, ça valait largement le coup de tenter cette aventure-là <3
PS : Que j’aime cette petite coquille qui a transformé éditrice en édifice Nan <3
24 mai 2018 15 h 15 min
C’est une grande question que celle de l’histoire et de ses traces dans l’espace public/géographique. Je suis persuadée que c’est par l’émotion qu’on apprend, qu’on se souvient…
Et pourtant tout est complexe quand il y a confusion entre histoire et mémoire. Je t’invite à regarder la vidéo Youtube de Nota Bene qui traite du lien entre histoire et mémoire : il part plutôt des exemples des statues déboulonnées des Sudistes aux Etats-Unis, mais aussi des noms des rues à Nantes et Bordeaux, qui sont, selon du point de vue où on se place, sont les noms d’armateurs brillants ou de vils esclavagistes. Mais sur le fond, c’est la même chose ; faut-il vivre sur un lieu où se sont passés des drames sans en garder une trace dans l’espace ? Non, il faut garder une trace, justement parce que ce sont (re)devenus des lieux de vie.
(Et à propos de l’émotion, il m’a fallu quelque temps avant de me décider à lire ton article ;) )
Quelle question Sabrina ! Je ne pense avoir avoir trouvé la bonne vidéo, je suis tombée sur celle-ci : https://www.youtube.com/watch?v=68dnAnTiJHE
mais elle ne correspond pas à ce que tu décris. Ton commentaire me fait repenser à la polémique sur le terme de crime contre l’humanité utilisé pour parler du colonialisme.
Ma question, que je n’ai pas osée poser frontalement dans l’article, était plutôt : comment arriver à être heureux dans un tel lieu ? Je suis admirative de cette capacité de résilience, tout en honorant la mémoire. Pourtant, tu as raison, il faut faire vivre ces lieux-là.
24 mai 2018 15 h 50 min
Depuis petite, je suis tellement marquée par cette partie sombre de l’Histoire. J’avais lu » Au nom de tous les miens » très jeune, et comme je l’avais dit sous une photo de Violette » Le choix de Sophie » reste un film qui m’ a bouleversée… Aller sur les lieux mêmes de ces souffrances me retournerait aussi je crois. Tu te souviens je t’avais écrit un bout de poème de Charlotte Delbo?
Lorsque j’avais des CM2, Nous lisions OTTO de Tomi UNGERER, C’était une façon pour moi d’aborder cette partie du Programme et qui me permettait de contrôler mes émotions. Tu connais peut être l’histoire de ce petit Ours qui réunit au delà des années et des massacres deux amis pour la vie?
Oui bien sûr Bobette, on a lu, et relu Otto avec Philéas. Je l’avais rangé en attendant que Virgile soit plus grand mais tu as raison; c’est le bon moment pour le ressortir de sa caisse. Et oui, je me souviens de ce poème; que de frissons <3
24 mai 2018 18 h 55 min
Merci pour cet article qui me donne envie de découvrir la Pologne et son histoire. Les grands-parents de mon compagnon étaient des juifs polonais qui ont fui leur village pour la France. Je crois qu’il serait trop douloureux pour lui de retourner sur leurs traces, sachant que l’histoire n’a pas vraiment bien fini, seule la tante Ruth est revenue des camps. Mais il est de notre devoir de ne pas oublier et quand certains élèves de Jacques lui demandent « mais monsieur, ça a vraiment existé ? », il se dit qu’il a raison de leur faire étudier la chanson « elle s’appelait Sarah ». Connais-tu un roman Jeunesse (mais pas que) qui s’appelle « Chante Luna » ? Il se passe dans le ghetto de Varsovie et c’est poignant. Et une belle façon de découvrir ce qui s’y est passé. Après j’arrête de conseiller des livres, promis !
Oui Yanne, c’est si proche et si loin à la fois – mais je pense que le vrai danger serait qu’on pense cette barbarie passée.
Es-tu sérieuse ? Des gamins se posent-ils vraiment cette question-là ? Allez hop, le journal d’Anne Frank au programme et « le pianiste » pour tous avant la majorité, non mais !
Je note, je note Yanne mais tu sais ; avant, j’avais une vie, maintenant, j’ai un blog ;-) .
20 octobre 2018 19 h 26 min
Coucou Daphné!
Ds qques jours nous partons à Cracovie grâce à toi et au superbe guide que tu as eu la gentillesse de partager avec nous et dont je vais me servir à coup sûr ;) Nous n’irons pas à Auschwitz, je n’en n’ai pas le courage… Vivant en Alsace et étant mosellane de naissance, je ne sais que trop bien le coût de cette guerre en vies humaines et les horreurs perpétrées; j’ai visité le Struthof, j’en ai été malade, c’est au dessus de mes forces de recommencer d’autant que j’ai vu une polémique à propos de gens tt sourire se prenant en photo dvt les baraquements et si d’autres devaient se pavaner ainsi dvt moi, je sais que je ne le supporterais pas… J’aurai une pensée pour chacun, chaque jour, je suis pour le devoir de mémoire mais là c’est au-dessus de mes forces… Merci pour tout ton investissement sur ce blog et sur IG,pour ta sincérité et ta bonne humeur ainsi que tes bons plans ;)))
5 novembre 2021 16 h 11 min
Je reviens de Cracovie avec mon compagnon et nous ńavons ni visite le ghetto ni l’usine de schindler mais j’ai vraiment ressenti ce lourd passé de là ville ! Un mélange de tourisme et d’hisToire mais c’est vraiment troublant l’athmosPhare qui se trouve à Cracovie. Mon compagnon ne l´a pas autant ressenti , mais à trouvé la ville très religieuse
Oui Elie, il y a cette émotion qui prend à la gorge en explorant la ville. C’est déchirant de voir notamment cette place uniquement remplie des chaises des absents. Et en même temps, c’est aussi une ville étudiante hyper dynamique, toute en contrastes.