Notre premier séjour à Phrae
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En arrivant dans Phrae, on les a immédiatement repérés. Faut dire qu’ils seraient difficilement passés inaperçus. Ils étaient juste devant nous, tous 3 perplexes devant un plan de la ville.
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loin des circuits touristiques
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C’était en février 2015, on venait à Phrae pour la première fois. Ça faisait longtemps que je voulais découvrir cette ville thaïlandaise , si loin des circuits touristiques , et ne savais pas à quoi m’attendre.
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Pas à rencontrer un éléphant planté devant un plan, en tout cas. On a pilé, regardé ce qui allait se passer. L’éléphanteau n’en avait rien à faire, du plan. Son cornac et l’autre jeune n’avaient pas l’air plus avancé.
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Ils ont remonté la rue, l’éléphant a passé sa trompe à travers la porte d’une boutique. Le monsieur de la boutique lui a donné quelques cacahuètes, l’éléphant les a baffrées, puis tendu sa trompe pour en redemander. Comment résister ?
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Ils ont continué leur chemin. Nous avons enclenché le mode paparazzi, derrière les vitre teintées de la voiture. A chaque porte, le même rituel, l’éléphanteau secouant joyeusement sa trompe devant les habitants ravis de lui tendre un truc à grignoter. Avant d’arriver en centre-ville l’éléphanteau semblait déjà repu.
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A la sortie du temple
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On les a doublés pour faire ce que font les touristes habituellement : visiter temples et demeures coloniales. En sortant du Wat Phong Sunan, on s’avance dans une étroite ruelle derrière le temple. Sur qui tombe-t-on ?
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Bingo ! Dans cet après-midi caniculaire, la dame rigolait en aspergeant l’éléphanteau pour lui donner une douche dans sa cour. Et il me semble bien que le pachyderme rigolait aussi. On a freiné, rigolé – un éléphant qui s’asperge, c’est contagieux – puis sommes repartis.
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Au marché de Phrae
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En fin de journée, on est allés au marché. Dans les petites villes de Thaïlande oubliées des touristes, tu tombes rarement sur des restaurants proprement dits. Le rendez-vous pour dîner, ce sont ces immenses marchés en plein-air où s’alignent des dizaines de stands de bouffe. Tu montres du doigt, essaie de mimer « pas épicé s’il vous plait » et dégustes : les meilleurs repas que j’ai faits en Thaïlande furent à même la rue.
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A votre avis, qui était encore là ? On lui a acheté quelques cacahuètes, qu’il a boulottées d’un coup de trompe. Avant de le quitter, on lui a dit merci. Merci pour cette rencontre tellement improbable qui associera toujours pour moi Phrae à un éléphant devant un plan.
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Merci pour ce moment étonnant, bien loin des attractions touristiques avec balade à dos d’éléphant à la clé. Aucun guide n’aurait pu prévoir ça ; et c’est justement ce que j’aime en voyageant hors sentiers battus en Thaïlande. Comment aurais-pu imaginer tomber sur un éléphanteau et son cornac perdus dans Phrae ?
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La place de l’éléphant en Thaïlande
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Menacés d’extinction, il ne reste aujourd’hui plus que 4000 éléphants en Thaïlande , dont moins d’un millier sont sauvages. En 1900, la population d’éléphants thaïlandais flirtait avec le million. Les éléphants domestiques sont attachés jusqu’à leur retraite à leur cornac, qui est responsable d’eux. La loi Thaïlande impose de les relâcher dans la nature à 61 ans, ce qui leur laisse 20 ans d’espérance de vie en liberté.
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Autrefois utilisés pour des travaux agricoles, les éléphants ne peuvent plus concurrencer les engins agricoles, moins chers à l’usage. Il faut dire qu’un éléphant mange 150 kg de nourriture par jour. Entre alimentation et soins, un éléphant coûte près de 1000 € par mois à son cornac. Une somme énorme dans un pays où le salaire moyen est de moins de 500 € par mois. De nombreux cornacs sont donc contraints de faire participer leur éléphant à des activités touristiques pour assurer des revenus qui leur permettent de subvenir à leurs besoins.
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Si vous envisagez de monter sur le dos d’un éléphant pour une balade touristique en Thaïlande, je vous invite à lire les informations d’ONG qui alertent sur le sort des éléphants en captivité.
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10 Commentaires
11 février 2018 20 h 31 min
Quel bel article ! J’ai toujours rêvé de voir un éléphant en vrai, mais les seuls endroits où nous pouvons en voir ce sont dans les cirques etc… Bref jamais en liberté malheureusement ! Ces bêtes sont si majestueuses, quelle chance tu as eu d’en voir un se promenant dans la rue ! C’est si touchant…
Tu dois être ravie d’avoir pu vivre ce moment !
Bonne soirée :)
Anaïs
Bonsoir Anaïs, il ne reste malheureusement que très peu d’éléphants en liberté en Thaïlande; et la vie des éléphants domestiqués, et de leurs cornacs, ne doit pas être simple non plus. Mais en avançant derrière cet éléphanteau, puis en le recroisant au fil de notre balade dans Phrae, j’ai été touchée de voir l’attachement des thaïlandais à cet animal – et je les comprends.
12 février 2018 10 h 16 min
Qu’il est touchant cet éléphanteau déambulant dans les rues et que j’envie Philéas !
Ce déjà imposant bébé m’a l’air tout heureux :-) Pour moi c’est vraiment le roi des animaux, tant de majesté dans son attitude !!!!
Les 150 kg de nourriture nécessaires à cet imposant animal me refroidissent quant à l’envie d’en avoir un dans le jardin :-) :-) :-)
Les 4kg de graines hebdomadaires donnés à « mes » oiseaux me grèvent le budget !!!!!!! Et en plus, les mésanges viennent taper aux carreaux lorsque je tarde à distribuer le matin dans les différentes mangeoires, si si si ! Alors j’imagine le coup de trompe de l’éléphant !
Un grand merci d’avoir cherché tes photos et de nous avoir fait partager cette étonnante rencontre.
Si un jour la Thaïlande devait se trouver sur la liste d’un projet de voyage, Je sais où j’irais poser ma valise !!!!! Combien je comprends ton envie d’y retourner à lire tes récits :-;
Belle journée
On avait déjà vu plusieurs fois des éléphants en Thaïlande, mais dans des centres de protection. La grosse surprise, c’était de tomber sur ce trio complètement improbable, qui semblait un peu paumé dans les rues de Phrae.
J’imagine que ce doit être une énorme responsabilité pour un cornac, responsable de son éléphant durant toute sa vie. J’étais très touchée aussi de voir la déférence qu’on les thaïlandais pour cet animal; la reine d’Angleterre n’aurait sans doute pas eu un meilleur accueil ( quoique, à la réflexion, je ne sais pas si Lizzie aurait aimé se voir offrir bananes, cacahuètes et douche en plein air ).
12 février 2018 10 h 46 min
Quelle jolie histoire… et quelle rencontre incongrue.
Ps : j’adore l’allure du gars avec son jean, ses tongs et son tee-shirt Batman : ces Thaïlandais ont vraiment un sens de l’esthétique je trouve, et tes photos du quotidien le montrent vraiment (tant dans la déco, l’architecture et maintenant les vêtements…)
12 février 2018 11 h 06 min
Ah la la Fanchette; un jour il faudra que tu ailles au Hello Kitty Resort; les clients s’habillent en honneur à leur héroïne pour déambuler dans le parc ;-) .
J’adore aussi les détails fashion des moines, avec les poches à portable élégamment dissimulées dans la tunique. Il faudrait que je retrouve aussi des photos de l’acteur célèbre qu’on croisa un jour au sommet de Doi Phu Chi Fa; j’ai quand même mis quelques minutes à comprendre pourquoi un groupe de jeunes filles hystériques hyperventilaient devant ce type en costard au sommet d’une montagne paumée à 7 h du mat. On a piqué un fou rire quand on a vu plus tard la pub pour la nouvelle Doyoda qui t’emmène voir le soleil se lever sur Doi Phu Chi Fa. Ne manquait plus que la Nespresso dans le coffre.
12 février 2018 12 h 06 min
Quelle jolie histoire, vous avez-vous eu de la chance de tomber sur ce trio improbable, et les photos sont parfaites !
J’avais déjà vu des éléphants dans des centres de protection mais on ne s’attendait pas à en croiser un dans la rue. Dans ces régions reculées, il y a encore des cornacs avec leur éléphant. C’est à la fois leur moyen de subsistance et une grosse responsabilité au quotidien; le sort de l’éléphant et de son cornac sont liés.
13 février 2018 10 h 53 min
Quelle belle rencontre ! Un bon gros bébé, quand même ! Merci pour cette jolie histoire improbable.
Tu imagines être responsable d’un tel bébé ? Ce qui m’a émue, c’est la réaction des gens en voyant l’éléphant arriver en ville; tout le monde y est allé de son petit snack pour l’éléphant.