aimer ses imperfections

Aimer ses imperfections

Notre insatiable quête de perfection

Partout autour de nous fleurissent des injonctions; mais comment répondre à cette quête de perfection qu’on nous somme de suivre ? Dans les médias, sur les réseaux sociaux, ces vies si parfaites s’étalent, prolifèrent et se dupliquent à l’infini. Notre oeil est habitué à voir des corps retouchés, phrases new age, photos mises en scène dans des décors paradisiaques, où se cotoient marbre, super aliment et bouquin de philo – ça fait toujours bien en photo. Mais où est la vraie vie dans tout ça ?

Les gourous du bien-être prolifèrent, nous enjoignant à la gratitude et au bonheur permanent tout en nous balançant du rêve consommable qui sonne creux. Parfois, j’ai l’impression que tout se clone, comme ces photos de fleurs de cerisiers qu’on ramasse à la pelle sur instagram dès que le printemps déboule. La frustration est tapie en embuscade, prête à nous laisser croire que notre vie ne sera jamais enviable.

Et si on n’est pas capable de suivre ce mouvement, est-on un raté ? Quoi, on n’a pas avalé de smoothie bowl au petit déjeuner en célébrant notre miracle morning avant d’éveiller les enfants en pleine conscience. Et si on n’a ni tapis boucherouite ni cactus dans son panier, si on a encore une télé, notre vie vaut-elle vraiment la peine d’être vécue ?

La somme de nos imperfections

Je me demande ce que cache cette quête insatiable de perfection pour répondre aux injonctions de notre société parfois schizophrène. Mais au fait, est-il possible, voire souhaitable, d’être parfait ? Le monde n’est-il pas peuplé de gens tous bien heureusement imparfaits ?

Dans une vie parfaite, aucun grain de sable ne viendrait perturber notre quotidien bien huilé. Aucune surprise, ni imprévu. Ce monde aseptisé, lissé, botoxé, ressemblerait au Truman Show. Ne serait-ce pas terriblement ennuyeux ? Après tout, la vraie vie s’engueule, dérape, se vautre et recommence.

J’ai souvent envie de me replier dans ma coquille quand les choses ne vont pas comme je le voudrais. Et j’ai peur de vouloir me transformer en bernard-l’hermite à l’approche de ces élections que je redoute de plus en plus. Mais justement, n’est-ce pas l’occasion de regarder le monde autour de soi tel qu’il est vraiment ? Dans la vraie vie, pas de corps parfaits, maisons impeccables, enfants toujours sages et comptes en banque florissants.

sortir de sa coquille

Avec Bernard Lhermite, la France sort de sa coquille – votez pour lui !

Apprendre à aimer ses imperfections

Jour après jour, on fait de notre mieux pour tenir la barre et garder le cap. Je ne connais personne qui vogue sur une mer d’huile. On fait comme on peut, même quand notre embarcation prend l’eau, quand les vagues se fracassent et nuages s’amoncellent. Alors certes, c’est loin d’être parfait. Mais je crois que la seule façon de s’en sortir est d’être bienveillants. Bienveillants avec les autres, mais d’abord avec nous-même. Et si on apprenait à aimer ses imperfections ?

C’est la somme de toutes nos imperfections qui fait ce que nous sommes. Je crois que c’est aussi pour leurs imperfections qu’on aime les autres. Qui aurait envie de vivre avec Mr Parfait ? Alors ne nous replions pas seul dans notre coquille – partageons nos heureuses imperfections qui rendent notre vie plus riche. Ecoutons les autres, il ont tant à nous apprendre sur nous.

Cette phrase de Christophe André me trotte dans la tête :

« Souris, fais de ton mieux, et surtout : n’oublie pas d’être heureux. »

J’y penserai dimanche en allant voter. Soyons imparfaits et libres de faire ce qui nous rend vraiment heureux. Aimer ses imperfections et celles des autres, voilà une façon de s’ouvrir au monde. N’oubliez pas, le vrai bonheur n’est pas instagrammable.


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45 Commentaires

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Marikat (Selki)
Marikat (Selki)

21 avril 2017 10 h 15 min

Un seul mot me vient à l’esprit en te lisant, désolée mais j’ai pas trouvé mieux ;-) AMEN !!!!!!
Et ces élections me font trèèèèès peur aussi, surtout depuis l’attentat d’hier soir
Gardons optimisme et bienveillance en tête et dans nos coeurs !

Jo Ridée rieuse

21 avril 2017 10 h 23 min

C’est drôle ce petit billet sur les imperfections. Hier soir, Monsieur JST a lavé une salade, une salade de son jardin (je vais très peu dans cet endroit). Il a préparé une vinaigrette et nous avons mangé cette délicieuse salade, craquante à souhait.
En rangeant, j’ai remarqué qu’il n’avait pas nettoyé l’évier. Il y avait de la terre un peu partout. Bien sûr, je pouvais lui dire – Tu exagères, tu pourrais nettoyer ! Et puis, non, je suis restée sur l’idée de la bonne salade… et j’ai passé l’éponge (au propre et au figuré). Moi non plus, je ne suis pas parfaite, être un couple, c’est aussi accepter les imperfections de l’autre.

bobette
bobette

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Jo Ridée rieuse


22 avril 2017 21 h 55 min

OUH la, c’est tout à fait moi, ça mais je fais des efforts aussi!

Dom
Dom

21 avril 2017 10 h 35 min

Hello Daphné et les autres, vous avez raison; accepter ses imperfections et celles des autres. Aujourd’hui je vais sérieusement essayer d’être positive à 100% et je ferai le compte ce soir. :)

Dom
Dom

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Daphné


21 avril 2017 12 h 05 min

Pauvre Philéas. J’espère que ce n’est pas trop grave.

Val Lao sur la Colline

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Daphné


28 avril 2017 10 h 45 min

Oh mince, j’avais loupé cet épisode épique ! Pauvre Philéas ! J’espère qu’il a dégonflé….

Brigitte
Brigitte

21 avril 2017 13 h 35 min

Et si aimer ses imperfections était une injonction de plus? La perfection suprême: aimer ses imperfections… Oui, je sais, je pinaille :)
Merci pour votre joli blog et belles réflexions!

Céline
Céline

21 avril 2017 13 h 48 min

Daphné, je te lis depuis bien trop peu de temps, mais ce que je découvre ici me semble d’une richesse inouïe…
Ton post d’aujourd’hui résonne en moi, surtout en ce moment… En perpétuelle quête de perfection corporelle, je vis dans la frustration permanente : de ne pas voir le ventre plat, d’avoir un peu de cellulite, des mollets trop musclés, des bras trop gras… La nourriture est une obsession…. Je l’adore… mais je la déteste…
Et puis je culpabilise de ne pas arriver à jouer avec ma fille de 3 ans comme elle aimerait que je le fasse… Je déteste faire de la pâte à modeler moi :)
Mais malgré tout ça, je me dis que ça ne va pas si mal, dans ce monde qui ne tourne pas rond… J’ai bien plus de chance que certains…
Alors je prends, et j’essaie de faire preuve de bienveillance envers moi-même et envers les autres. Et ça marche !
Des bises

Val Lao sur la Colline

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Daphné


28 avril 2017 10 h 47 min

Haan, cette métaphore me parle tellement ! Moi aussi je me répète à chaque fois que je monte dans un avion que oui, aussi vomitif que ça puisse paraître aux entrailles d’une mère, c’est dans cet ordre qu’il faut faire…

MarieL
MarieL

21 avril 2017 14 h 29 min

Aïe, j’espère que Philéas va bien ?
Qu’est ce que ce texte me fait du bien aujourd’hui, merci Daphné.
Je ne sais plus où j’ai lu que : si la vie te donne des citrons, fait-en de la limonade.
La cuisine c’est pour moi un véritable geste d’amour et de partage alors aujourd’hui je vais acheter des citrons (bio, les citrons) pour faire du « Lemon posset »…
Et aussi, ma maman disait souvent Yalla !. Hors de tout contexte religieux c’est d’abord un concept qui veut dire: allez, on y va, avec ce qu’on a et dans la joie…bha oui, tout ça en même temps ;-)
Des pensées pour ton grand.

DOMINIQUE
DOMINIQUE

21 avril 2017 19 h 35 min

Tu as tellement raison, Daphné. Je m’étais fait la réflexion en voyant une jeune femme à la télé, dans une pub. Elle avait les deux dents de devant un peu longues, genre « lapin ». Et un sourire à craquer, une charmante façon de parler.
Si elle avait eu les dents toutes pareilles, elle n’aurait pas eu ce petit défaut, cet accroc qui la rendait mignonne comme tout.
Aimons nos accrocs ! Il me faudra quand même un jour ne plus aimer ma bibliothèque, qui déborde de partout, et un peu la ranger. Mais j’aime pour l’instant ce bazar tout sauf instagrammable où les rencontres littéraires se font par inadvertance !

Reine
Reine

21 avril 2017 21 h 37 min

Tout à fait….
En 2012 ma meilleure amie est morte d’un cancer En 2 mois, elle est passée d’une femme splendide , solaire, à une pauvre petite chose, douloureuse sur le drap blanc de l’hôpital….un choc , un traumatisme ….et depuis … je suis tous les jours tellement heureuse d’être juste là, en forme, aimée, aimante, et avec toutes mes imperfections….

Josiane GELAUFF
Josiane GELAUFF

22 avril 2017 11 h 19 min

Encore une fois, quel bonheur de lire ton message. J’ai lu également les commentaires, tout cela me fait un bien fou ! surtout que ce matin en voyant ma tête dans le miroir de la salle de bains, comment dire ? j’ai eu envie de fuir, où ? ça je ne sais pas ;-), ou retourner sous la couette…. Alors lire ton message m’a redonné courage.
Les élections ? je peux dire (je travaille dans une mairie au service « population » donc il y a entre autre le secteur « élections ») qu’il n’y a jamais eu autant de procurations faites !! les gens semblent être sensibilisés pour ces présidentielles.
je te – vous – souhaite un bon weekend.

Fredix
Fredix

22 avril 2017 11 h 23 min

Quand j’étais ado, je ne m’aimais pas du tout ! Je disais que si je me connaissais , je ne me fréquenterais pas ! J’ai pourtant eu pendant des années un sweat-shirt sur lequel Snoopy disait :  » Je suis ce que je suis et j’aime ça !  » ! Je viens de comprendre que la méhode Coué a finit par marcher ! Un peu ! « Ce qu’on te reproche, cultive le , c’est toi » Jean Cocteau.

Fredix
Fredix

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Daphné


22 avril 2017 11 h 55 min

Je crois qu’on aimerait tous pouvoir consoler l’ado que nous avons été . Lui dire que c’est pas si grave et qu’on a eu une bonne vie !

Fredix
Fredix

22 avril 2017 11 h 30 min

Au fait, Daphné, si tu avais accompagné Philéas au Lycée, vous auriez pu avoir un accident de voiture beaucoup plus grave !
Pas de comédies trop rigolotes demain sinon Philéas va avoir mal !!!!

bobette
bobette

22 avril 2017 21 h 54 min

Ton billet est très riche et beaucoup de phrases m’interpellent.
Ce que tu as pensé quand Philéas a eu son accident, cette culpabilité en fait, je la vis très souvent. Mais voilà, la vie est faite d’imprévus et il faut l’accepter, ce qui pour moi est très dur.
Je suis d’une nature particulièrement anxieuse, je sais pourquoi, mais je ne parviens pas à éliminer totalement cette peur d’à peu près tout. Alors, j’apprends à vivre avec, avec un peu de bienveillance envers moi même.
J’aime beaucoup ce que tu dis sur cette consigne de sécurité en avion. je ne la connaissais pas mais c’est terriblement vrai. J’essaye de l’appliquer aussi en expliquant à mes enfants que si je ne peux pas me reposer un minimum, si je suis trop speed je ne pourrais pas leur apporter ce qui est bon pour eux (y compris des bons petits plats) et en fait ils comprennent très bien en grandissant.
j’ai du mal à voir mon visage se faner petit à petit et pourtant chaque jour qui passe je le chéris. je sais la vie si précieuse et fragile. Je sais que le bonheur rend belle, et les nuits de sommeil réparatrices aussi.
Enfin, je voulais te remercier de nous rappeler que ce que l’on voit sur instagram n’est pas la réalité toujours. c’est surtout physiquement et pour la mode que je men sens en décalage…
Je suis tellement ravie de venir te lire tous les jours. Tu as une énergie incroyable je trouve.
Et pour demain, j’ai un peu peur. Dans les Hauts de France, la haineuse est donnée favorite…
Voilà, j’espère que les blessures de ton grand cicatrisent vite. Heureusement qu’il avait un casque. Et oui, c’est plus sage d’en porter un toi aussi!

Yanne
Yanne

23 avril 2017 20 h 05 min

J’avoue que j’ai frôlé le burn out professionnel il n’y a pas longtemps. Et puis, j’ai vraiment réfléchi, c’était ça ou l’arrêt de travail et franchement, pas un toubib n’aurait refusé en voyant l’état dans lequel j’étais. Donc, j’ai un nouveau mantras ! « Je suis une méduse ». J’évolue dans l’eau plus ou moins glauque de ma hiérarchie mais rien ne m’atteint ! Je fais mon boulot comme je l’entends et quand ça se complique, j’évite de le prendre pour moi. Il faut m’imaginer en réunion de direction, entendre des c… sans nom et siffloter « je suis une méduse » dans ma tête !
En plus, c’est joli tout plein, une méduse, je trouve.
Mais ma fille a glapi : « m’enfin, une méduse, ça a pas de cerveau, pas d’intestin et pas d’anus ! »
Qu’on se le dise, je suis une méduse avec un cerveau ! Pour le reste…

bobette
bobette

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Yanne


25 avril 2017 22 h 50 min

Moi, cela me plait bien cette idée de méduse sans cerveau temporairement , le mien de cerveau me fatigue trop parfois (bon c’est quand même pratique hein° Et ta fille pense à tout!

Yanne
Yanne

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bobette


25 avril 2017 22 h 53 min

Oh oui, elle pense à tout ! J’ai une portée de zèbres ! Mais un poulpe, ah non, c’est pas très sexy, un poulpe ! Un peu… collant ?

Yanne
Yanne

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Daphné


2 mai 2017 22 h 55 min

Une cape d’invisibilité, je reconnais qu’il y a des jours où ça doit être pratique ! Mais tout bien réfléchi, je préfère les filaments gracieux, sur lesquels tout glisse, jusqu’au jour où, vlam, ils te cinglent le fâcheux et le laissent pour mort ! Moi ? violente ? Pas du tout, mais, comme dit mon boss « il y a des limites à l’hospitalité » !!! Alors, moi méduse, toi seiche, quelle équipe !

Rachel
Rachel

23 avril 2017 22 h 58 min

Merci d’être là Daphné, dans la blogo, dans instagram, merci de nous donner autre chose à lire et à réfléchir, merci quoi ! C’est un plaisir et d’une jolie richesse
Pour le vote, à l’heure où j’écris, on sait que la fermeture d’esprit est là… espérons que l’autre possibilité soit à la hauteur des espérances. ..

Yanne
Yanne

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Daphné


25 avril 2017 22 h 54 min

Mmmm, des arbouses ! Vous voyez qu’il y a des trucs que j’aime ! Je crois que la dernière fois que j’en ai mangé, j’attendais le Fils ! Ouille, ça fait longtemps !

Mathilde
Mathilde

2 mai 2017 20 h 13 min

J’ai beaucoup apprécié la lecture de ce billet, car il m’a touchée. J’y ai appris pas mal de choses qui m’ont amenée à réfléchir et je tenais à te dire merci pour ce beau partage.

Mathilde
Mathilde

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Daphné


5 mai 2017 18 h 28 min

Tout le plaisir était pour moi. :)

MarieDesAlpes
MarieDesAlpes

12 mai 2017 13 h 09 min

Encore une fois, Merci Daphné pour tes mots toujours si doux et justes. Merci de ta générosité et merci de partager tes réflexions et tes voyages. J’adore venir ici, ça fait beaucoup de bien et je me dis que j’aimerais bien te connaître en vrai.
MarieDesAlpes