Et si on apprivoisait la solitude ?
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J’aime être seule. J’aime le silence et la liberté qu’offrent la solitude. Mais en réalité, je n’ose pas trop le dire. Solitude : aujourd’hui, j’ai l’impression que ce simple mot est mal vu. Et pourtant, être seul n’est-il pas essentiel pour se reconnecter avec soi-même et s’offrir une chance de s’ouvrir aux autres ?
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On est priés d’être sociables, connectés, disponibles. On reçoit notifications, alertes, fil d’actualité qui défilent en permanence. On vit à l’heure de la flexibilité, on nous serine qu’il faut s’adapter et suivre le mouvement. Les bureaux se font open space, la télévision s’est engouffrée dans la téléréalité et on partage notre quotidien sur les réseaux sociaux. Mais dans ce mouvement permanent, quel vide cherche-t-on à remplir ?
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Nos vies instragramables
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On n’a jamais eu autant de temps disponible. On peut en faire ce qu’on veut, libre à nous de choisir. Et pourtant, n’avez-vous pas aussi le sentiment de courir tout le temps ? De courir après quoi, d’ailleurs ? Les sollicitations sont de plus en plus nombreuses ; on regarde vite, parfois plusieurs choses à la fois avant de passer illico aux suivantes. On zappe, oublie et continue notre course effrénée. Et puis, il y a cette culpabilité qui nous attend au tournant. A force de voir toutes ces vies si parfaites s’étaler sous nos yeux, on commence à douter. Suis-je à la hauteur ? Sur instragram par exemple, les recettes de cuisine semblent toujours réussies, les enfants si joliment habillés et maisons parfaitement rangées. 99,9 % du temps, ma vie me parait fade à côté. Et alors ? Je n’en ai qu’une et j’ai bien l’intention d’en profiter ! Tant pis si je ne suis pas apprêtée ou à la mode, je suis moi, rien que moi, et c’est très bien comme ça.
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Mais au fait, qu’est-ce que « profiter de la vie » ? Est-ce répondre aux miroirs aux alouettes que nous tendent réseaux sociaux, médias et publicité ? Le bonheur se trouve-t-il dans un smoothie bowl, miroir en rotin, boots Patricia Blanchet ou rolex au poignet ? Et si je ne veux rien de tout ça, suis-je une ratée, comme le proclama jadis Jacques Séguéla ?
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Loin de la foule déchaînée
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Au fait, de quoi ai-je vraiment envie ? De plus en plus souvent, c’est très simple : j’ai simplement envie de déconnecter. Et d’être seule. Seule pour rêver, imaginer, créer. Seule pour bricoler, chanter, dessiner. Seule pour faire ce que je veux, sans aucune injonction, sans zapping ni interférence. Mais alors pourquoi la solitude est-elle si souvent vue de manière négative ?
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J’ai envie d’être seule, non parce que je n’aime pas les autres, bien au contraire : j’ai d’abord besoin de comprendre qui je suis vraiment avant de savoir ce que je peux leur apporter. J’aime ces respirations, ces moments qui n’appartiennent qu’à moi. Est-ce égoïste ? Je ne sais pas. Mais je suis convaincue que pour apprendre à vivre avec les autres, il faut déjà apprendre à vivre avec soi-même.
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Alors, je chéris ces moments de solitude. Ce soir, affalée toute seule dans mon canapé, une tasse de thé à la main, je prends le temps de pianoter ces quelques mots sur mon clavier. Et je me dis que peut-être sommes-nous nombreux à partager ce besoin de solitude et de calme pour aller puiser au fond de nous l’énergie nécessaire pour partager nos vies et se construire des souvenirs ensemble.
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Mais j’entends la porte d’entrée s’ouvrir, les enfants débarquer et je sais que maintenant, après ce moment seule, je serai vraiment disponible pour eux. Je respire un grand coup, ferme l’ordinateur et souris; dans le fond, je sais que j’aime autant la solitude que la vie de famille. Que serait notre vie sans ces petites contradictions qui font nos personnalités ? Et que serait une vie qui ne serait pas partagée ?
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Puis-je être curieuse; aimez vous passer du temps seul ? Que faites-vous de ces moments de solitude ?
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This post was written by Daphné
19 Commentaires
30 janvier 2017 10 h 53 min
Que oui, moi aussi j’aime les moments de solitude ! Un de mes plus grands bonheurs c’est lorsque mes louloutes sont à la sieste en même temps (chose trèèèès rare en ce moment :-( ) et que je peux m’échapper dans mon jardin (avec le baby phone) boire mon café et fumer ma clope (oui, pas bien je sais !) en écoutant les oiseaux chanter, admirer les feuilles qui se balancent , si nuages il y a, imaginer quelles formes ils prennent, rêver de l’endroit oùse dirigent les avions, me moquer de Noisette qui essaie en vain d’attraper la pie qui la nargue, et profiter d’un rayon de soleil !
Bon, pour le soleil, depuis une semaine, il se fait un peu languir !!!!
Donc, oui vive la liberté, la solitude, le silence et le farniente :-) (commentaire écrit en 2H30, parce qu’aujourd’hui, Ni liberté, Ni solitude, Ni silence :-). )
Bonne semaine dans la joie et la bonne humeur !
Oh oui Marikat – ces instants volés au quotidien sont si précieux. Je me demande parfois si à force de remplir nos vies d’informations on ne finit pas par s’empêcher de rêver.
Déconnectons et octroyons-nous ces moments; cette part de rêve n’est-elle pas essentielle dans nos vies ?
30 janvier 2017 12 h 06 min
Comme je te comprends, j’ai aussi besoin de ma « chambre à moi », pas facile quand on bosse et que l’on est maman… C’est pourquoi je me couche souvent (trop) tard! Je t’envoie un petit mail dans la journée au sujet de l’échange de maison, bonne journée!
Oui Soleil, je crois que je connais la même dérive. Hier soir, j’ai réalisé qu’entre occupations familiales et intendance je n’avais rien fait pour moi du week-end. C’était un chouette week-end, ne nous méprenons-pas, mais j’ai aussi besoin de respirations pour faire des choses qui n’intéressent que moi. Alors j’ai aussi tendance à compenser en veillant parfois un peu trop tard.
Oui, je serais bien sûr ravie de répondre à tes questions à propos de l’échange de maison.
30 janvier 2017 12 h 19 min
Haaaaaaaaaaaaaaa ! Dans mes bras ! Oh que oui oh que oui, j’aime être seule !
Hier dimanche sur la colline, j’étais seule de 6h à 19h30, le BONHEUR ! Personne à la maison, grand champ de liberté pour bricoler sans qu’aucun rythme d’autrui ne me soit imposé (je me suis cousu une robe, oui oui ! et j’ai pris des photos. Et j’ai mangé des restes. Et j’ai dansé dans mon salon. Et oui bon, j’ai étendu/ramassé 5 machines de linge). Cette solitude est un vrai espace de liberté pour moi, faire ce que je veux quand je veux, ne pas devoir m’interrompre pour passer à table… Et à chaque soirée où les autres membres de la famille vaquent à leurs activités à l’extérieur, je me réjouis d’avance.
Tu parles de t’isoler dans une pièce, mais moi ce que j’aime encore plus, c’est quand la maison est totalement VIIIIIDE !
Ah oui Val Lao; se lancer dans des projets sans compter les heures, manger un morceau de fromage sur un coin de table en silence avant de replonger dans son ouvrage – quel bonheur !
J’adore être en famille, mais chaque moment seule me réjouit. Depuis que Virgile est né, il m’est arrivé une fois de rester seule à la maison pendant 48 heures. Le bonheur !
( bon d’accord, bien vite écourté; j’ai filé acheter quelques parpaings pour improviser une jardinière, ahem. J’ai maçonné jusque tard dans la nuit mais à leur retour, je n’étais que fierté. )
Ouf, je ne suis pas seule à danser dans mon salon quand je suis seule à la maison ( Eye of the Tiger parce que je suis une héroïne du quotidien, tout comme toi !).
30 janvier 2017 14 h 50 min
Dans mes moments de solitude, plus nombreux aujourd’hui qu’il n’y a plus d’enfants, ben j’écoute de l’opéra, parce que le Chéri déteste ça ,alors c’est devenu mon activité solo ! !
Je n’ai jamais habité seule, j’ai quitté ma famille pour vivre avec mon premier chéri et ensuite j’ai toujours vécu en couple. Je me suis souvent demandé comment c’était cette liberté. ..
Peut-être est-ce à ce petit détail qu’on réalise que les enfants font indiscutablement monter le niveau sonore à la maison ? Avant, seule, j’écoutais de la musique. Maintenant, rien ne m’est plus agréable que d’écouter le silence ( même si on est d’accord, ça ne dure jamais longtemps ).
Mon grand m’a installé une appli sonomètre sur mon téléphone. On l’a testé en plein milieu du dîner. Autant te dire que je ressortie de cette expérience traumatisée. Heureux sont les ignorants ( et sourds ? ).
30 janvier 2017 16 h 27 min
Sur mon profil ig c’est écrit : je suis une contemplativeEt j’adore ça. Je m’énerve très peu aussi, une maman d’élève m’a fait un joli compliment l’autre soir elle m’a dit : »Evidemment que cela marche avec vous,vous êtes madame sourire ». Je suis loin d’être parfaite Et j’apprécie de voir sur ig ces intérieurs parfaits, ces cuisines toujours rangées mais je n’y crois pas. Je t’embrasse
Contemplative ET épicurienne, soyons précis ! ;-)
Ils en ont de la chance tes élèves ! Virgile me dit très souvent que son instituteur est drôle et oui, je pense aussi que c’est une excellente façon de faire passer les leçons ( du coup, il aime même aller en soutien scolaire le mardi matin – oui, du soutien en grande section de maternelle, je n’en revenais pas ).
C’est toute l’ambivalence d’intagram; ce réseau est idéal pour partager de petits bouts de quotidien mais l’image prime sur le texte. Je dois avouer que je ne suis pas la dernière à cadrer pour éviter chaussettes qui traînent et biscuits émiettés. ( mais en vrai ma cuisine est à peu près rangée, c’est mon côté control freak qui ressort ).
30 janvier 2017 18 h 17 min
Avec quatre enfants, j’ai chéri chaque instant où la maison était vide ! En général, je me précipitais sur mon violoncelle. Sur un livre. Mais pas dans mon bain. C’est drôle, je peux rêver d’un bain et quand j’y suis, en quatre minutes chrono, j’en ai assez, je m’ennuie, j’ai trop chaud et je sors ! Aujourd’hui que le nid est vide (enfin, pas tout le temps, là, j’en ai deux), j’aime bien être seule de temps en temps. Mon homme est un courant d’air donc j’ai mon espace de liberté mais de temps en temps, je râle trop c’est trop ! Ce que je fais ? Je regarde une série (jetez-moi des pierres), je travaille pour la chorale, je fais des albums photos, je lis des polars… Et en ce moment, je me remets à l’allemand, échange avec des autrichiens prévu !
J’ai longtemps adoré l’idée même du bain. Pour y bouquiner, rêvasser. J’ai même failli acheter une de ces tablettes en bois pour un poser thé et livre. Mais je suis comme toi, deux minutes plus tard, je me demande ce que je fait là.
Mais oui, voilà : le jour où les enfants quitteront la maison, je pourrai enfin faire tous les albums photos qui attendent leur tour – le dernier fini remonte quand même à la naissance de Virgile et j’ai du prendre au moins 30 000 photos depuis ( oui, je suis sérieuse – et alors ? ).
As-tu vu The Crown Yanne ? J’ai pensé à toi en regardant la série il y a quelques semaines – et me suis dit qu’elle pourrait te plaire aussi. C’est écrit par Peter Morgan, le scénariste de The Queen et réalisé par Daldry, qui tourna The Hours. Bref, la quintessence du raffinement anglais et Churchill en guest star pour guider la jeune Queen Lizzie.
31 janvier 2017 11 h 02 min
Ah le silence, j’ai un petit billet en cours sur le sujet. Ce qui fait du bien, c’est surtout d’avoir un petit moment pour soi, Moi aussi, j’aime ces moments de solitude,
Comme il n’y a plus d’enfants à la maison et que mon mari part tôt au bureau, je prends le temps de lire mes blogs préférés le matin en buvant mon café et le soir, vers 22 h, je déconnecte en rêvassant.
En janvier, j’ai accéléré le rythme pour aider mes parents et je n’avais plus une minute à moi, je commençais à me sentir mal. Le soir, à 22 h, je prenais mon bloc pour griffonner quelques mots d’un billet de blog. Mon mari me disait – Mais, ce n’est pas une obligation, ce blog.
Il n’avait pas compris que c’était ma petite récréation de la journée et en aucun cas une corvée, mais un défoulement.
J’ai aussi besoin de ces pauses Jo pour laisser infuser des idées – ce temps qu’on croit perdu ne l’est finalement jamais. Alors que dans le brouhaha de la vie de famille, courant pour faire plusieurs choses en même temps, j’ai souvent l’impression que mon cerveau part en bouillie.
Comme je te comprends; même si je suis fatiguée, hors de question d’abandonner le blog pour autant. Je n’accepterai pas lâcher ce qui me rend heureuse pour une montagne de chaussettes à plier ou de vaisselle à faire. Mais c’est vrai que certains billets, comme les tutos DIY ou vidéos, prennent un temps fou à préparer. Peut-être devrais-je un jour faire un article sur les coulisses du blog ( mais ça me parait quand même hautement prétentieux comme sujet – ambiance ma vie, mon oeuvre ).
31 janvier 2017 12 h 16 min
Je suis comme toi, j’ai besoin de m’évader loin du tumulte et, pourtant, je l’aime également. J’aime les grandes tablées d’amis à la maison. J’aime aller me promener en ville.
Mais j’ai l’extrême chance d’avoir un lieu où sont ancrées mes racines familiales, un lieu au milieu de nulle part mais dont j’ai besoin régulièrement pour me couper du monde et m’y reconnecter avant de repartir comme toi à la course du temps !
Je suis sur Instagram et sur la Face du Bouc mais j’y vais plus pour voir comment vont mes amis ou voir de belles photos. Je ne l’ai jamais vu comme une mise en comparaison de ce que je peux être ou de ce que ma vie est… Je ne peux même pas dire que c’est ma force de caractère qui m’y aide. C’est juste que jusqu’à ce que tu l’écrives, je ne l’avais jamais envisagé sous cet angle ! ;-)
Je crois que la solitude est mal vue car cela implique que celui qui l’aime n’a pas besoin de la société autour…
Merci pour ton commentaire Miss Blabla, il remet plein de choses en perspective.
C’est vrai, c’est ce mouvement de balancier perpétuel qui me plait. Le calme au quotidien : travailler dans le silence, le regard plongé dans la nature et l’excitation de la ville pour m’échapper de temps en temps. J’ai aussi besoin de cette petit pîqure de rappel et d’un bain de culture le temps d’une échappée belle.
Oh, je n’avais pas vu la solitude sous cet angle : c’est si juste. Vouloir être seul ne veut pour moi pas dire qu’on rejette ceux qui sont autour de nous mais simplement qu’on a besoin de ces moments de solitude pour être soi.
Ma meilleure amie m’a eu dit que c’était compliqué avec moi car je suis là mais , parfois, comme si j’étais un peu sur un balcon… avec une certaine distance…
C’est juste que, par moments, j’ai besoin d’être là mais juste en spectatrice, d’être seule même si c’est au milieu des autres.
Et je crois que cela peut être perturbant pour mon entourage qui doit se demander s’ils peuvent faire quelque chose, s’il y a quelque chose, pourquoi j’ai besoin de ce repli, moi qui suis super sociable et qui aime les gens et le mouvement mais j’aime aussi (et j’ai besoin) de ces temps pour moi…
Comme je te comprends Miss Blabla; parfois en fin de journée, ou après une heure en voiture, j’annonce à la famille que je passe en mode pilote automatique. Je crois que Philéas a compris le message; pour mon anniversaire, l’an dernier, il m’a choisi un casque antibruit, LA révélation pour m’isoler un peu quand ça part dans tous les sens. ;-)
8 février 2017 11 h 28 min
La solitude, ça me parle bien. J’adore être seule, je trouve cela tellement reposant. A vrai dire, j’adore mes soirées quand l’homme et les enfants ont déserté. Pouvoir être soi, sans être parfaite, profiter d’un moment de calme pour se ressource, je te rejoins à 100%. Et puis les réseaux sociaux, quel beau moyen pour nous faire culpabiliser de nos vies pas totalement parfaite selon ces normes.