Découvrir les ruelles vertes de Montréal

–

Montréal n’est pas une « belle ville », au sens classique du terme. A première vue, elle semble même anarchique, façon Berlin. Il faut quelques jours pour l’apprivoiser; mais une fois qu’on s’est laissé envoûter, impossible de lui résister. En fait, ce qui fait tout le charme de Montréal, ce sont ses habitants.

–

Avec peu de moyens mais beaucoup d’astuce, les montréalais se lancent dans des expériences collectives pour améliorer la vie de tous. Les ruelles vertes de Montréal sont un exemple parfait de ce qu’on peut faire tous ensemble pour rendre notre ville plus belle. 

–

–

Pourquoi créer des ruelles vertes à Montréal ? 

–

Les premiers jours, je n’ai pas fait attention aux ruelles. Il faut dire qu’elles ne sont même pas répertoriées sur Google Maps. Les ruelles furent construites à l’arrière des maisons et immeubles pour les desservir plus facilement. Longtemps laissées à l’abandon, comme celle ci-dessus, elles ne servaient plus qu’à garer la voiture, poser les poubelles. Certains automobilistes les traversent à toute allure pour éviter les bouchons. Bref, une arrière-cour peu attrayante de la ville.

 

–

La ruelle verte, un bon moyen pour apporter la nature au coeur de la ville

–

Souci supplémentaire, les ruelles créent des îlots de chaleur en été. Si Montréal est ensevelie sous la neige 4 mois par an, la ville connait des étés très chauds et humides. Et ces ruelles entièrement bitumées, dépourvues de la moindre zone d’ombre, accumulent la chaleur faisant encore plus grimper les températures au coeur des blocs d’habitation. Alors comment remédier à ces problèmes ?

–

–

La ruelle verte, une expérience collaborative

–

Les Montréalais se sont retroussés les manches pour verdir leurs ruelles. La première ruelle verte de Montréal date de 1997 et aujourd’hui il en existe plus d’une centaine dans la ville. L’idée est toute simple; pour transformer une ruelle sinistre en lieu de vie, il suffit de la réinvestir : créer des bacs pour les plantes, voire supprimer le bitume pour planter des arbres, installer bancs, jeux pour les enfants, peindre portes de garage et façades aveugles.

–

–

Comment créer une ruelle verte

–

Comme les jardins communautaires, les ruelles vertes sont de plus en plus populaires auprès des Montréalais. Pour transformer une ruelle à l’abandon en ruelle verte, les habitants doivent :

–

• faire un sondage auprès de tous les habitants de la ruelle.
• s’ils obtiennent une majorité de voix favorables, ils se concertent pour définir leur projet
• puis le soumettent à la mairie, qui l’examine
• une fois le projet validé, la mairie accorde une subvention pour l’achat des matériaux nécessaires
• maintenant c’est aux habitants de se mettre au travail ensemble pour créer leur ruelle verte puis l’entretenir

–

La plus belle ruelle verte de Montréal

 

Au fil de nos balades à vélo, j’ai pris un plaisir fou à découvrir les ruelles vertes de Montréal. Elles sont généralement simplement signalées par un panneau, à l’entrée de la ruelle. Du coup, j’en ai profité pour vous faire faire une liste des 3 plus belles ruelles que nous avons vues à Montréal.

–

Bien sûr, cette liste n’est pas exhaustive; nous n’avons pas pu toutes les voir et les ruelles sont en constante évolution. Bon, je sens que je vais être obligée de retourner à Montréal arpenter ses ruelles vertes pour la mettre à jour. 

–

 

Rue Demers 

quartier Mile End

 

La rue Demers n’est pas à proprement parler une ruelle, mais ce sont ses habitants qui ont lancé l’idée de la ruelle verte. Dans les années ’70, des étudiants en architecture ont proposé un projet pour verdir cette minuscule rue. Le projet n’a pas abouti mais les habitants se sont retroussés les manches pour faire de la rue Demers la première ruelle verte de Montréal.

–

La rue Demers ne suit pas le quadrillage rectiligne des autres rues du quartier. Cette maison jaune et verte que vous voyez est la plus ancienne de Montréal. Quand Montréal s’est étendue, cette ferme est restée en place et on a construit la rue Demers pour la desservir. Après des années de bétonnage intensif, la rue Demers est devenue piétionne. On y trouve bibliothèque, moulin, fontaines et plantes à foison. Et ici, tout est bricolé à partir de matériaux recyclés.

 

–

Ruelle la belle verte

quartier Villeray

–

On est tombés sur cette ruelle au hasard d’une balade à vélo dans Villeray. Une immense murale m’a intriguée; pourquoi ne pas y entrer ? Ici aussi, les habitants se sont mis au travail ensemble pour redonner vie à cette ruelle autrefois malaimée. Un monsieur nous a expliqué que c’est un ami à lui, peintre breton, qui est venu peindre ces murales qui se répètent dans la ruelle et invitent à la descendre jusqu’à la boîte à livres jeunesse. Après l’école, quand les enfants se retrouvent pour jouer dans la ruelle, les voisins mettent des plots pour la fermer à la circulation.

–

–

Ruelle Modigliani

quartier De Lorimer

–

Tout a commencé avec cette porte de garage peinte à la manière de Modigliani. Depuis, les oeuvres d’art ont essaimé dans cette ruelle rebaptisée en l’honneur du peintre italien. Il suffit de descendre la ruelle pour découvrir un musée à ciel ouvert, plein de couleurs et de cris d’enfants.

–

Voici un plan pour situer ces 3 ruelles vertes:

–

–

Explorer les ruelles vertes

–

Si elles ne sont pas imprssionantes, les ruelles vertes de Montréal représentent bien l’esprit de cette ville étonnante. D’apparence banale, on ne leur prêterai même pas attention si on passait en vitesse devant. Mais il faut prendre le temps de se laisser guider par sa curiosité pour découvrir toute l’énergie et la créativité des Montréalais pour rendre leur ville chaque jour plus agréable à vivre.

–

D’ailleurs, pourquoi ne pas étendre cette idée ailleurs pour se réapproprier nos villes et inventer celle où on sera heureux de vivre ensemble ? Avez-vous déjà vu ce type d’initiatives ailleurs ?