De feu et de glace

Randonnée à Nesjavellir , dans les entrailles bouillonnantes de l’Islande

C’est un pays de feu et de glace. Cette nature si rude qui a forgé le caractère des Islandais, luttant chaque hiver pour leur survie, leur apporte aujourd’hui une ressource d’énergie inépuisable. Imaginez, 70% de l’énergie primaire d’Islande provient de la géothermie ( et pour le reste, il y a les barrages ). Pas besoin de creuser profondément, la terre bout et craquelle sous nos pieds. Temps pourri, on ne va pas trop s’éloigner de Reykjavik aujourd’hui. En faisant un échange de maison, on a le temps de s’aventurer dans des coins oubliés des touristes, complètement seuls alors que ne sommes qu’à quelques kilomètres de Thingvellir. Aucun guide ne mentionne Nesjavellir mais nous nous y étions arrêtés lors de notre premier voyage et je m’étais promis d’y revenir.

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Au pied des monts Hengill, une des zones volcaniques les plus actives d’Islande, est installée la centrale géothermique de Nesjavellir. C’est la deuxième plus grosse centrale de ce type dans le pays, elle alimente en eau chaude et en électricité une bonne partie de Reykjavik. Rendez-vous compte; dans cette capitale la plus au nord du monde, face au Groenland, on produit tant d’eau chaude que les Islandais peuvent s’offrir le luxe d’avoir 15 piscines dans l’agglomération de Reykjavik. En été, le surplus est versé dans la mer pour qu’on puisse se baigner dans une eau à 18°C dans le lagon devant la plage de Nautholsvik. Non loin d’ici, on avait eu l’occasion de visiter la centrale géothermique d’Hellisheidarvirkjun. Cette fois, on vient explorer la zone géothermique et découvrir ce paysage aux allures spatiales, parsemé de d’étranges dômes et de tuyaux.

On préfère rester sur les sentiers, le sol est brûlant par endroit et une mauvaise chute pourrait être fatale – je ne tiens pas vraiment à finir ébouillantée. Un peu partout autour de nous, l’eau bouillante est prélevée avant d’être ré-injectée froide pour éviter l’assèchement de la nappe phréatique. Puis, d’énormes pipelines acheminent l’eau chaude vers la capitale et ses piscines. En contrebas de la centrale, une rivière chaude coule. J’ai toujours les maillots de bain avec nous, juste au cas-où. Mais impossible de s’y baigner, cette rivière est partout brûlante.

On continue notre balade en descendant vers la vallée de Reykjadalur, où nous pourrons cette fois sortir les maillots. Nous nous étions baignés dans la rivière chaude qui y coule lors de notre premier voyage en Islande. Nous étions seuls dans cette rivière à 40°C, le réconfort parfait après la montée. Cette fois, comme nous connaissons déjà un peu le coin, on décide d’arriver par l’arrière, ce qui permettra à Virgile de ne marcher qu’en descendant – j’irai chercher la voiture pour récupérer la troupe en bas de la vallée.

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Déception totale. Le départ de la randonnée dans la vallée de Reykjadalur est non loin de la route principale de l’île, la route n°1. Il semble que tous les touristes aient décidés de s’arrêter ici, montant leurs packs de bière pour pour transformer cette paisible rivière en annexe trash du Blue Lagoon. Des vestiaires ont été aménagés, achevant de défigurer le lieu. En arrivant en bas, au parking principal, je découvre des cars garés en masse et une toute nouvelle buvette. La fréquentation touristique a explosé en Islande depuis la crise financière et la dévaluation de la monnaie, et certains lieux, à l’écosystème pourtant si fragile, commencent à en souffrir.

On se console en terminant l’après-midi à Listasafn Arnesinga, une superbe galerie d’art de Hveragedi qui promeut les artistes locaux. Le personnel est adorable, et le café adjacent sert de merveilleux gâteaux. Finalement, sans cette déconvenue dans la vallée plus haut, nous ne serions sans doute pas arrivés jusque-là.

reykjadalur

hot river near reykjavikhengill area

Côté pratique

Nesjavellir est à 40 km du centre de Reykjavik. La route, goudronnée et en excellent état, est accessible toute l’année avec une voiture standard – pas besoin de 4×4. Si vous y allez directement depuis Reykjavik, je vous recommande de passer par la route 435, longée tout le long par impressionnant tuyau qui amène l’eau chaude en ville. Peu avant d’arriver, vous passerez le petit col de Dyradalur, point d’accès le plus facile des randonnées vers le volcan Hengil. En contrebas, les sentiers signalés en vert fluo sur la carte – juste au dessus de la centrale de Nesjavellir – passent dans la zone géothermique où est puisée l’eau de la centrale. Ces sentiers créés par Reykjavik Energy, l’EDF local, sont très bien entretenus et signalés, accessibles à tous. En une dizaine de minutes de marche, ils permettent d’accéder à une zone géothermique peu fréquentée, non signalée dans les guides touristiques. Cet itinéraire ne présente aucune difficulté et est très bien aménagé.

Je vous conseille de vous référer à cette excellente carte de randonnée éditée par Reykjavik Energy et disponible en version papier à la centrale géothermique d‘Hellisheidarvirkjun, dont je vous recommande la visite. 

Si vous souhaitez randonner dans la vallée de Reykjadalur et avez un 4×4, pourquoi ne pas éviter le parking surbondé de Hveragedi ? Depuis la route n°1, vous pouvez rejoindre par une piste non goudronnée, mais sans passage à gué, Ölkelduhnukur, le point n°24 de la carte, où vous pourrez garer votre voiture. Là, vous serez au pied du volcan Hengil, dans une zone géothermique difficilement accessible. Le chemin qui descend vers la vallée de Reykjadalur est époustouflant.

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Et vous, seriez-vous tentés par une randonnée dans un lieu insolite ? Et si aucun guide de voyage ne le mentionne, visiteriez-vous tout de même cet endroit ?

This post was written by Daphné


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13 Commentaires

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Val Lao sur la Colline

26 mai 2016 10 h 00 min

J’avais déjà envie d’aller en Islande depuis assez longtemps, et tes photos en rajoutent une couche. Il faut vraiment qu’on s’organise mieux pour voyager plus…
Mon beau-frère et ma belle-soeur y partent 1 mois cet été…
Ces herbes ultra-géométriques sont merveilleuses et très tendance :)

Morgane
Morgane

26 mai 2016 14 h 19 min

C’est beau, c’est beau! Je pense que le jour où on part en Islande notre guide ce sera befrenchie.fr! Mais dis nous Daphné, où es-tu en ce moment?

Morgane
Morgane

Répondre à 

Daphné


27 mai 2016 8 h 54 min

Aaaah mais nous aussi on va à Porto cet été! :-)

Amy | Foodetcaetera

27 mai 2016 12 h 46 min

Tu me fais rêver avec tes photos Daphné!!!! C’est sublimissime!!!

Mila
Mila

28 mai 2016 16 h 01 min

Hé, hé, grâce à tes billets Daphné, et mon tout premier commentaire (cet automne, quelle émotion !), mon mari va marcher en Islande (au Sud) cet été. Et Porto, direct en avion depuis ma chère ville, me fait de l’oeil ….
Bon retour dans votre belle garrigue !

Amélie

4 novembre 2016 21 h 50 min

De toute beauté l’Islande, wow. J’ai hâte ♡

Rehoboth

20 juillet 2023 19 h 39 min

Nice post